Distinction – Nobel de la paix : À Oslo, Abiy Ahmed ne dira pas un mot à la presse

Le Premier ministre éthiopien doit recevoir la prestigieuse récompense ce mardi 10 décembre, à Oslo, mais cet homme secret n’a pas prévu de répondre aux questions des médias. Une attitude qui dérange jusqu’au comité Nobel, rapporte le quotidien britannique The Guardian.

C’est une tradition quasi immuable. Chaque année, le lauréat du très prestigieux Nobel de la paix tient une conférence de presse à la veille de la remise du prix. Mais lundi 9 décembre, Abiy Ahmed qui reçoit ce mardi 9 millions de couronnes suédoises [environ 850 000 euros], une médaille et un diplôme, est resté silencieux. “Le dirigeant de 43 ans n’a pas non plus prévu de répondre aux questions des journalistes après son rendez-vous avec la Première ministre norvégienne, Erna Solberg, ou de participer au traditionnel événement avec des enfants au musée du Nobel de la paix”, écrit The Guardian.

Un homme “sous pression”

 

Une attitude que les membres de l’institut Nobel ont jugée “très problématique”, explique le journal britannique, estimant que Abiy Ahmed est “désormais sous pression.” “La liberté d’expression et une presse libre et indépendante sont essentielles à la paix”, a ainsi expliqué Olav Njølstad, le secrétaire du comité Nobel.

Face aux critiques, c’est l’attaché de presse du Premier ministre éthiopien qui a pris la parole, expliquant “qu’il était très compliqué pour un chef de gouvernement de trouver du temps pour répondre à toutes les sollicitations autour du prix Nobel”, poursuit The Guardian. “Le Premier ministre est… honoré de la récompense”, a-t-il conclu.

Vastes réformes

 

En octobre, Abiy Ahmed a été récompensé pour l’accord de paix conclu entre l’Éthiopie et l’Érythrée l’année dernière, après près de deux décennies de conflit entre les deux pays. Ancien officier des services de renseignements, il a “engagé de vastes réformes et changé le climat politique dans son pays, jusque-là considéré comme un pays répressif”, dès son arrivée au pouvoir en avril 2018, écrit The Guardian.

La nomination de cet homme originaire de l’ethnie oromo, majoritaire dans le pays, avait été saluée. Néanmoins, depuis plusieurs mois les tensions ethniques dégénèrent. Fin octobre, des violences ont fait au moins 86 morts. De quoi raviver les craintes et les incertitudes, alors que des élections générales doivent se tenir en mai 2020.

 

Jason Burke

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