Mauritanie : la vraie fracture entre Ould Ghazouani et Ould Aziz

Après la rencontre vendredi dernier à Nouakchott entre le président Ould Ghazouani et l’ancien président Ould Aziz le fossé se creuse entre les deux hommes. Personne ne veut céder sur la référence pour l’UPR, le parti de la majorité. Un long entretien qui aura finalement révélé la vraie fracture entre le nouveau et l’ancien chef d’Etat.

C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un ancien président revient sur la scène politique pour ambitionner de diriger le parti au pouvoir. Jamais un nouveau président n’avait subi un tel tiraillement de son prédécesseur. Ce quiproquo remonte à la fin du mandat de Ould Aziz quand il a lui-même choisi son dauphin en contournant le parti. Ould Ghazouani est désigné ainsi candidat pour assurer l’alternance militaire. C’est un raccourci historique de deux anciens généraux de l’armée qui n’ont pas fini de livrer tous les secrets du pouvoir.

Après plus d’une semaine de crise abyssale de l’UPR le retour de l’ascenseur attendu par Ould Aziz paraît improbable. Les deux hommes ne se parlent plus depuis la rencontre chez l’ancien président qualifiée de forcing par les observateurs qui pointent un soupçon de subordination de Ould Ghazouani élu avec plus de 52 pour cent des suffrages. C’est à lui que revient la référence du parti pour gouverner le pays. Dans le cas échéant c’est une gouvernance bicéphale à laquelle les mauritaniens n’ont pas souscrit le 22 juin dernier. Ce refus de Ould Aziz de se tenir à l’écart de la politique ouvre une période incertaine et éloigne en même temps la perspective d’un compromis. Le pouvoir ne se partage pas.

Cette querelle entre deux anciens amis porte préjudice à la stabilité politique du pays au moment où les premiers 100 jours de Ould Ghazouani semblent être appréciés par la classe politique toutes tendances confondues. En allumant le brasier Ould Aziz risque lui-même de se brûler les doigts. Et si la situation devient intenable la sortie de crise serait l’organisation de nouvelles élections législatives à risque et péril. Une nouvelle chance pour l’opposition de redorer son blason surtout pour le parti islamiste la deuxième force politique après l’UPR.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 03 décembre 2019)

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