Vu des États-Unis – Islam : pourquoi la France se trompe de problème

Emmanuel Macron préfère prôner une “société de vigilance” plutôt que proposer une réponse à la spirale de violence et aux problèmes sociétaux français. Cela participe à la diffusion des idées d’extrême droite, déplore ce journaliste américain.

“Les institutions seules n’y arriveront pas, l’administration et les services de l’État ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste”, a prévenu Emmanuel Macron lors d’une cérémonie d’hommage le 8 octobre, quelques jours après l’assassinat par Mickaël Harpon de quatre de ses collègues à la préfecture de police de Paris. “Une société de vigilance, a-t-il poursuivi. Voilà ce qu’il nous revient de bâtir.”

Comme les autres attentats qui ont frappé le pays ces dernières années, celui du 3 octobre apporte une eau viciée au moulin du débat politique français. Le rituel d’unité nationale de rigueur a aussitôt cédé la place à des valses-hésitations devenues coutumières. Journaux, magazines et chaînes de télévision libèrent leurs grilles et leurs colonnes pour accueillir des bataillons d’experts – parmi lesquels l’islamologue règne en maître – venus expliquer comment une lecture particulière du Coran a pu conduire tel ou tel individu à commettre l’irréparable.

Se détourner des valeurs de la République

 

Les milieux d’extrême droite boivent du petit-lait et appellent le pays à prendre les armes, à rendre le porc obligatoire dans les cantines scolaires et à comprendre que les victimes du terrorisme sont en réalité des victimes du multiculturalisme. Le voile et autres signes religieux de l’islam font tourner le cirque médiatique et donnent lieu à des démonstrations de démagogie manifeste, par exemple le 11 octobre dernier, quand un élu du Rassemblement national a pris à partie une femme musulmane venue encadrer la sortie scolaire de son fils au conseil régional de Dijon. Sur les ondes, les émissions de débats ont consacré des heures au spectre de la “radicalisation”, ce phénomène en apparence inextinguible qui conduit certains jeunes Français, issus de l’immigration pour la plupart, à se détourner des valeurs de la République pour se tourner à la place vers le messianisme d’un islam politique.

“La misère originelle devrait être l’objectif premier de l’action publique”

 

La contre-attaque est arrivée ensuite. Un éventail composé de personnalités du monde de la culture, d’intellectuels et de responsables politiques – hélas de moins en moins audibles – plaident la nuance et la retenue, nous avisent de ne pas pointer du doigt une religion quand il s’agit en réalité d’un problème d’ordre social. La violence politique, voire le martyr autoproclamé, nous rappellent-ils, ne datent pas d’hier. Qualifier de “meurtre” le cri des opprimés est une chose (le moindre cri de révolte peut être assimilé à une apologie du terrorisme, un délit passible en France de sanctions pénales). Mais il ne faut pas être un apologiste pour voir que quelqu’un qui se met au volant d’une camionnette et fonce sur une foule d’innocents, ou qui poignarde ses collègues de travail au bureau, comme l’a fait Mickaël Harpon, est d’abord et avant tout un désespéré qui souffre de graves problèmes.

Laissons de côté l’éventail d’idées disparates invoquées pour justifier un tel acte, assurent ces observateurs : c’est cette misère originelle qui doit accaparer notre attention et constituer l’objectif premier de l’action publique. Ils plaident donc en faveur d’une approche thérapeutique à forte dose. Ils citent le

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Harrison Stetler
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Source : Courrier international

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