Conflit israélo-palestinien – La colonisation israélienne n’est pas contraire au droit international selon Washington

En affirmant que l’établissement de colonies en Cisjordanie était conforme au droit international, Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, a rompu avec la position adoptée par les États-Unis depuis plus de quarante ans. La décision a été accueillie avec enthousiasme par la droite israélienne et avec consternation par les Palestiniens.

 

“L’établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n’est pas en soi contraire au droit international”, a affirmé lundi 18 novembre à Washington Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain. L’annonce “témoigne de l’assouplissement de la position” de l’administration Trump, analyse Ha’Aretz.

Elle marque surtout pour CNN une rupture avec le droit international et constitue “la dernière en date d’une série de mesures pro-israéliennes risquant d’attiser les tensions entre l’administration Trump et les Palestiniens”, mais aussi “d’élargir le fossé” entre cette même administration et les alliés traditionnels des États-Unis en Europe.

En décembre 2016, l’administration Obama avait pourtant laissé le Conseil de sécurité de l’ONU adopter une résolution déclarant que les colonies étaient une “violation flagrante” du droit international. Et même si Ronald Reagan avait insisté, en 1981, pour préciser que cette colonisation n’était pas “illégale”, souligne la BBC, les États-Unis la considéraient comme “non conforme au droit international” depuis un avis juridique émis en 1978 alors que le démocrate Jimmy Carter était président.

Une vision remise en cause par le secrétaire d’État actuel, dont les propos ont été très bien reçus par Benyamin Nétanyahou. “Cette politique reflète une vérité historique – que le peuple juif n’est pas un colonisateur étranger en Judée et Samarie [Cisjordanie]”, s’est félicité le bureau du Premier ministre dans un communiqué.

Le Jerusalem Post a largement commenté l’annonce. “Est-ce que la décision augmente les chances de paix ?” demande le quotidien. Sa réponse : “Oui et non.” Car cette politique “ne va rien changer immédiatement” mais” l’Amérique dit la vérité. Alors apprécions ce moment.” Dans une autre tribune du journal, on peut lire que cesser de parler de colonies “illégales” modifie “les paramètres de la conversation”. Comment ? “Maintenant, quand un diplomate européen dit que les colonies sont illégales, Israël peut répondre : selon qui ? et désigner les États-Unis comme un pays qui s’oppose à cette caractérisation.”

“Remplacer le droit par la loi de la jungle”

 

Comme le remarque le Washington Post, l’annonce a été accueillie avec “consternation” par les leaders palestiniens et les défenseurs de la paix, “pour qui l’extension des colonies diminue les chances d’établissement d’un État palestinien et par là même sa superficie”. Le porte-parole de Mahmoud Abbas critique une déclaration qui “contredit totalement” le droit international. Aux yeux de Saeb Erekat, autre figure palestinienne, l’administration Trump cherche à remplacer le droit international par “la loi de la jungle”.

L’Union européenne a réagi très vite après l’intervention de M. Pompeo, rappelant que sa position était “claire et inchangée”, à savoir que toute colonisation était illégale et qu’elle “érodait la viabilité d’une solution à deux États et les chances d’une paix durable”. En termes moins officiels, deux diplomates européens cités par CNN déplorent une “décision honteuse qui montre à quel point l’administration Trump se démarque du consensus international, prête à faire un doigt d’honneur au droit international”.

Mike Pompeo assure que la nouvelle position des États-Unis va ouvrir une voie vers la résolution du conflit. Une idée “risible”, selon Illan Goldenberg, négociateur dans la région lors des mandats de Barack Obama, interrogé par le New York TimesCette résolution a désormais plus de chance de se faire selon les termes d’Israël, de loin le plus fort des deux camps”, estime la BBC, qui constate par ailleurs une augmentation du nombre des colonies au cours de l’administration Trump – 600 000 Israéliens y vivraient aujourd’hui d’après le média britannique.

Ce renversement de “quatre décennies de politique américaine” représente pour le New York Times le “dernier cadeau politique en date offert par l’administration Trump au Premier ministre Benyamin Nétanyahou”, après le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem ou la reconnaissance plateau du Golan comme territoire israélien. Or M. Nétanyahou peine à former un gouvernement et pourrait faire face à une troisième élection cette année. Malgré les dénégations en conférence de presse de Mike Pompeo, le “timing” de cette annonce “va certainement servir” la “fortune politique” du Premier ministre, prévoit le quotidien new-yorkais.

Au-delà du cas Nétanyahou, Ha’Aretz perçoit également dans cette décision une manœuvre de Donald Trump pour séduire les chrétiens évangéliques, fervents défenseurs d’Israël, qu’il voit “comme une partie essentielle de sa base lors des prochaines élections”.

Le Guardian suggère de son côté que Mike Pompeo lui-même pourrait tirer

profit de son intervention alors qu’on lui prête l’ambition de devenir bientôt sénateur de son État du Kansas.

Source : Courrier international

 

 

Suggestionkassataya.com :

 

L’ONU rejette l’annonce de Washington et réaffirme que les colonies israéliennes sont illégales

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page