Journaliste et MGF : et si le changement venait de nous ?

En Mauritanie les mutilations génitales féminines (MGF) continuent de faire des ravages dans le silence complice de tous.  Plus de 96% de filles excisées dans le Guidimagha et 81% dans le Tagant, ces chiffres sont alarmants et devraient nous imposer plus d’engagement et d’action pour lutter contre cette pratique.

Parallèlement à l’engagement de la société civile pour la campagne nationale de lutte contre les MGF, il est à noter que les médias aussi ont un rôle important à jouer dans l’information.  Mais Sommes-nous assez impliqués dans les stratégies de lutte et de promotion d’abandon des MGF ?

Nous avons tous un rôle important à jouer pour éradiquer ces phénomènes ancrés dans nos sociétés et qui portent atteinte à la santé et à la dignité de la femme.

Que ça soit les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, le gavage, le lévirat ou sororat…, notre engagement doit être cette lanterne qui nous guide vers la lumière. Se départir de nos pratiques coutumières « néfastes » d’antan sans se renier, telle est notre sacerdoce !

La femme n’est pas un objet et elle doit jouir de tous ses droits, ainsi on ne peut la réduire à un objet de désir convoité, contrôlé et circonscrit au désir des hommes ou à l’injonction patriarcale. Dire stop à ces pratiques néfastes, à ces formes de violences, redonnera pleine dignité aux femmes. On ne peut vivre dans une société ou la moitié de sa population subie cette violence inouïe.

Malgré l’existence d’un arsenal juridique (Insuffisant) ainsi que les contre arguments culturels ou religieux porté par les organisations de la société civile, on constate la persistance des MGF dans certains milieux en Mauritanie.

Cette persistance de ces pratiques est due à différents facteurs qui affectent la lutte contre les MGF. On observe en premier lieu que l’arsenal juridique n’est pas aussi sévère que le voudrait les OSC, il n’y a pas de loi spécifique aux MGF,  en second il y a un réel manque de prise de conscience quant aux méfaits des MGF sur les femmes en particulier et sur la société de façon générale. D’où la nécessité de renforcer les plaidoyers en la matière.

Certes le travail des ONG est à saluer dans la promotion de lutte contre cette forme de violence, cependant les médias ont aussi un rôle important à jouer. Les médias ont un pouvoir de vulgarisation avec les outils nécessaires permettant de contrer cette pratique.

En Mauritanie il existe des moyens et canaux de sensibilisation et d’informations que le journaliste utilise pour faire passer ses messages. Mais est-il assez formé sur le traitement des questions liées aux MGF, est-il assez outillé pour parler de ce sujet ? Quel est son rôle dans la promotion de l’abandon des MGF ? Et si le changement venait du journaliste lui-même ?

Le rôle du journaliste dans la lutte pour l’éradication des MGF, je pense que c’est la conscientisation de l’opinion publique sur les conséquences néfastes de cette pratique à travers la dénonciation des mentalités et interprétations erronées ou rétrogrades sur le plan religieux et traditionnel qui sont la cause de ces mutilations.

Sensibiliser en démontrant les conséquences dramatiques et parfois mortelles des MGF sur le plan sanitaire et psychologique.

Pour mettre fin à cette pratique il faut qu’elle soit criminaliser et puni par la loi, en mettant en place des mesures d’accompagnements et de suivi adéquat à tous les niveaux (social, religieux, juridique). Mariaya Traoré Journaliste  Radio -Web

Je pense que ce problème est tellement ancré dans nos traditions qu’il faut chercher les véritables causes de cette pratique hautement dangereuse.

Je ne pense pas qu’un homme ou une femme veuille mutiler ou torturer son enfant sauf pour de causes très graves, au-delà des traditions héritées. Le sujet mérite une véritable investigation et une réflexion profonde tant au niveau sociologique qu’au niveau de la santé publique. Maimouna Journaliste Web-Activiste

Pour moi, notre rôle en tant que journaliste est d’informer, d’éclairer constamment à travers nos productions spécifiques adaptées aux cibles, sur les cas de mutilations Génitales féminines (MGF) qui constituent une atteinte grave à la dignité de la femme. C’est par les sensibilisations, les plaidoyers sur les dangers de cette pratique du citoyen lambda aux décideurs qu’on peut parvenir à un changement et à l’éradication progressive de ce phénomène via aussi une législation adaptée et applicable ».  Awa Seydou Traoré, Journaliste-Blogueuse

Qu’en est-il de la sous-région ?

Au Sénégal en 1999 la loi n 99-05 pénalisant la pratique de l’excision a été adoptée suite à un lobbying de groupe parlementaire à l’assemblée nationale, mais aussi via la pression des médias.

Les chiffres sont moins alarmants qu’en Mauritanie, mais c’est les mêmes souffrances, même si les réalités peuvent être différentes selon les contextes, mais les tabous sont plus visibles en Mauritanie. Je pense qu’il faut continuer à sensibiliser sur la question, c’est notre rôle en tant que journaliste, d’insister sur la sensibilisation pour éradiquer complètement ce phénomène. Yero Guissé Journaliste-blogueur /Sénégal

Alors si nous sommes aujourd’hui détenteurs d’informations, de messages et si notre pouvoir peut être aussi d’éduquer à un changement de comportement, de plaider pour la bonne cause qu’attendons-nous de profiter de nos statuts de journalistes pour combattre efficacement ce phénomène ? Il est temps qu’on assume ce rôle, qu’on se forme davantage sur cette question, qu’on soit plus outillés pour traiter ce sujet. II est de notre rôle de dénoncer, d’informer, de sensibiliser, d’éduquer et de contribuer à un changement de mentalités plus que nécessaire.  Le changement c’est maintenant, l’engagement tout de suite !

Houleye Kane

 

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