Mauritanie : Ould Ghazouani rattrapé par le pouvoir autoritaire

Depuis son investiture le 1er août dernier, le président mauritanien s’est attelé à remettre son pays sur les bons rails en remettant en cause des accords nébuleux économiques de son prédécesseur et en mettant en place un gouvernement de technocrates. Mais Ould Ghazouani ne s’est pas montré à la hauteur des attentes des citoyens sur les droits de l’homme malgré la création d’un commissariat dans ce domaine en relation avec la société civile.

Cette ambivalence de Ould Ghazouani caractérise ses 100 premiers jours de sa mandature. Incontestablement elle est plus visible sur le plan politique avec la normalisation de ses relations avec l’opposition considérée par les observateurs comme un pas important vers le dialogue inclusif après 11 ans de rupture.

Autres mesures symboliques qui traduisent une volonté de corriger la mal gouvernance de son prédécesseur, la remise en cause des accords de licences de pêche, d’assurance maladie et surtout les mines de F’dérick pour permettre à la SNIM de relancer sa production.

Le chapitre des droits de l’homme c’est le talon d’Achille du successeur de Ould Aziz. Le président mauritanien est loin de répondre aux attentes des citoyens des organisations nationales et internationales dans ce domaine où les observateurs l’attendaient le plus. L’opposition s’interroge sur la faiblesse du chef de l’Etat à corriger les violations courantes des droits de l’homme comme en témoignent la brutalité des forces de l’ordre contre des manifestants étudiants qui protestent depuis une semaine contre une réforme rétrograde de l’âge d’entrée à l’Université fixée à moins de 24 ans.

Des violences policières qui inquiètent certains militants de l’UPR qui sont descendus dans la rue en guise de solidarité avec le mouvement estudiantin. La création d’un commissariat chargé des droits de l’homme et la relation avec la société civile n’a pas empêché l’arrestation d’une militante des droits de l’homme cette semaine à Nouakchott de retour d’un séjour à Banjul où elle a critiqué le pouvoir sur la question des détentions arbitraires.

A ce propos 9 détenus de Lexeiba sont en attente de jugement depuis plus de 3 mois. Une injustice qui s’inscrit dans le cadre de règlement de comptes politiques de l’UPR. Une instrumentalisation de la justice à des fins politiques utilisée comme une des vieilles recettes du régime autoritaire de Ould Ghazouani. C’est un point noir qui ne redore pas son blason. Le président mauritanien est appelé à rompre avec les vieilles méthodes qui continuent de menacer la liberté de manifester et de s’exprimer en un mot la démocratie.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 (Reçu à Kassataya le 30 octobre 2019)

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