Mon fils a eu son Bac, son pays n’a pas de projet pour lui

Mon fils a eu son BAC « D » avec une moyenne générale de 11,89 et une moyenne de 12,25 pour les matières scientifiques, soit : 14,75 en mathématique, 11,5 en physique-chimie et 11 en sciences naturelles.

Il n’a pas eu droit à une orientation correspondant à son effort et à ses aspirations. Il n’a pas été orienté lors de la première postulation. Le site Tewjih affichait avec un rictus machiavélique, le message suivant : « votre candidature n’a pas été retenu pour des raisons administratives » et un charabia, ou la mesquinerie n’a rien à envier à l’ignorance.

Il a 18 ans et revêt d’être médecin. Il avait eu durant les deux dernières années une moyenne générale supérieure à 15/20. Il est studieux. Il est innocent.

Le site écran qui affichait les résultats lui donnait une moyenne d’orientation de 11,79. Pourquoi, alors que les notes obtenues dans les trois matières reportées aux coefficients des dites matières lui donnaient une moyenne d’orientation de 12,25 ?

Le Ministère de l’Enseignement a utilisé une autre formule qui relèverait de la magie ou de la sorcellerie que de l’approche scientifique, objective. Les services concernés nous ont appris qu’il ya une autre formule, et quelle formule ? Écoutez-moi bien et aidez-moi à comprendre s’il vous plait :

On m’apprit que pour évaluer le candidat aux orientations, la note obtenue en mathématique (la mère des sciences exactes) est multipliée par 1, la note obtenue en physique-chimie (qui talonne les mathématiques dans l’ordre de préséance) est multiplié par deux, et la note des sciences naturelles qui n’existe que par le truchement des deux premières est multipliée par 3. Ce n’est pas fini, les alchimistes du ministère prennent le résultat obtenu et le mélange dans une éprouvette, en y ajoutant la moyenne générale obtenue au baccalauréat et tout est remué intelligemment, pendant quelques minutes.

Il est, ensuite, divisé par 7 pour obtenir la « moyenne magique d’orientation » qui donne la mesure la plus objective du quotient intellectuel du candidat et de son niveau de culture plus que le bac lui-même et les relevés des notes obtenu au cours des trois dernières années.

A quelle logique pourrait appartenir cette formule ? Comment cette recette de cuisine malsaine a-t-elle été obtenue ? D’où vient le chiffre 7, dénominateur déterminant de l’opération? Le ministère nous dira peut être que le dénominateur « 7 » utilisé relèverait de la même logique que la valeur « Pi » « constante d’Archimède » dans l’ordre de 3,14 et que c’est une donnée physique qui s’explique par elle-même et qui n’a pas de preuve en dehors de son existence.

Outre cette aberration qui n’a pas de nom, les gens du ministère, ceux qui ont la décision n’ont-ils jamais fait l’école ? Ou bien comme certains le disent ont-ils d’autres desseins ?

En effet tout le monde est d’accord que les résultats de l’épreuve du BAC constituent un indicateur où les capacités de l’élève conjugué au hasard rivalisent. Il est des élèves qui révisent et maitrisent le programme dans sa presque intégralité et qui ne réussissent pas leur bac ou passent avec de faibles moyennes parce que les épreuves ont porté sur la petite partie du programme qu’ils n’avaient pas bien préparée.. Parfois c’est le stress, la fatigue, la peur, le temps …en résumé il constitue un indicateur tout à fait relatif.

Passons maintenant à la deuxième partie de notre message. Ayant perdu espoir en la volonté de mon pays et en sa capacité à prendre en charge, passivement, au moins les études de mes enfants, je me mis à prospecter d’autres horizons pour trouver une terre où la culture du savoir est possible. L’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Turquie, l’Europe de l’Est.

Finalement, j’appris qu’au Sénégal il y aurait peut être une possibilité d’inscrire mon fils en médecine. L’Université Cheikh Anta Diop est saturée, on me parla de l’Université de Thiès. Je prie mon véhicule, mon fils, accompagné d’un ami qui cherchait à sauver son fils du destin maléfique que son pays lui réserve.

Voyage au Sénégal

Ce n’est pas la première fois où je voyage au Sénégal en utilisant ma voiture. Je fus quand même surpris.

Le trajet portait sur plus de 500 km. Tout le long de la route, quelque chose a attiré mon attention : les agglomérations, bâtisses et demeures se trouvent à quelques rares exception à bonne distance des routes nationales que nous avons parcourues. Mais, plus encore, il faisait un peu chaud et nous étions à la recherche d’un quelconque commerce pour abreuver notre soif. Il n’y en avait pas. Il nous avait fallu traverser plusieurs petites localités pour en repérer un. Et cela nous surprenait, j’ai pensé un moment que les gens ne consommaient pas.

Mais non ils consomment, mais consomment utile et cultivent une bonne partie de leurs besoins. Le contraste avec nos populations qui ne travaillent presque jamais, préférant un commerce où la filouterie et le faux représentent la quasi-totalité de leur fond de commerce. Personne ne peut nier que partout sur les grandes routes qui traversent le pays (mais aussi sur les petites routes et hors des routes) les petits commerces infestent le pays. Ces petits commerces occupés par des vieux, des jeunes au début de leur âge actif et des personnes de tous âges, montrent le niveau de paresse presqu’innée que nous avons su développer chez nous.

De petites et grandes boutiques qui vendent des produits majoritairement périmés : la date ne doit pas tromper, car ceux qui importent les produits demandent aux fabricants d’apposer une date de validité de 2 à 3 ans au lieu des dates en vigueur pour les produits dont la validité, ailleurs est de 12 mois. C’est pourquoi ; le peuple se meurt, les centres de santé sont assiégés et certains pays voisins se font un bel argent sur les processions de malades qui les visitent toute l’année.

C’était une digression que j’ai jugé fort utile.

Chez nos frères et voisins du Sénégal, ils se sont donné pour mission d’ouvrir des universités partout dans les pays avec toutes les spécialités utiles. Ils veulent avoir un peuple de savants, pendant que d’autres chercheraient à transformer leur peuple en bourrique. Il est vrai que ces dernières années, nous avons entendu d’abattoir pour ânes qui seraient exportés à prix « d’âne » et cela constituerait une alternative, la pêche devenant peu attrayante en raison de la prolifération des autorisations et quota donnés hors de tout cadre légal et économique.

« Mon fils, c’est votre fils, c’est le fils de tous les mauritaniens et des étrangers venus chercher la vie et le savoir dans ce pays, qui n’avait de réputation hors du savoir qu’on y trouvait et qui s’y cultivait».

Oumar MOHAMED MOCTAR EL HAJ

Avocat

oumarmohamed@hotmail.com

Source : Cridem

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