Mauritanie : Ould Ghazouani entre le marteau et l’enclume

Les observateurs sont unanimes que le président mauritanien est pris dans un piège bien monté par son prédécesseur. Depuis l’étranger Ould Aziz essaie de tirer les ficelles pour nuire à la gouvernance de son successeur. Mais c’est sans compter à la force tranquille de Ould Ghazouani.

Depuis son investiture le 1er août dernier le président Ould Ghazouani s’est révélé comme un chef rassembleur en tendant la main à tous les partis à la société civile et en particulier à l’opposition dans le cadre d’un dialogue inclusif. Une démarche inédite qui contraste avec les 11 ans de règne de son prédécesseur qui avait fermé cette porte pour diriger le pays d’une main de fer.

Les premiers pas de Ould Ghazouani sont difficiles. Ses bonnes intentions de redresser économiquement le pays se heurte à des réticences des fidèles de Ould Aziz qui tirent la couverture vers eux en contestant les nominations du gouvernement.

Cette fronde serait dirigée par l’ancien président depuis l’étranger qui s’immisce indirectement dans les affaires publiques du pays surtout par rapport à certaines nominations. Le point noir de ce début de quinquennat c’est d’avoir continué à nommer de grandes personnalité de l’ancien régime, décriées par la classe politique dans des postes stratégiques comme  la direction de la SNIM confiée à l’ancien argentier Ould Djay un des artisans de l’empire de Ould Aziz dont le fleuron de l’industrie mauritanienne grâce à la grosse part cédée à son gendre 80 pour cent du capital et une société australienne.

Malgré un pas en avant vers une correction de la gabegie et la corruption de son prédécesseur avec la révision des licences de pêche, de l’accord entre la société Nouakchott Medical Center et la CNAM, l’annulation de la construction d’une usine d’or, Ould Ghazouani fait face à un parti UPR en quête d’un président et d’un souffle nouveau. Ses dirigeants sont partagés pour donner leur blanc-seing au nouveau président à cause de l’influence de Ould Aziz. Cette posture entre l’enclume et le marteau est un sérieux handicap dont l’issue est incertaine pour l’avenir.

Dans cette perspective Ould Ghazouani serait en train de réfléchir à une sortie de ce piège avec la création d’un nouveau parti. Mais cette solution est difficilement envisageable compte tenu de la majorité absolue au parlement. Seules de nouvelles législatives sont en mesure de régler l’équation. C’est un suicide politique dans le contexte actuel où l’opposition avait engrangé lors de la présidentielle près de 48 pour cent des suffrages. Le plus simple c’est d’entraîner une majorité de députés vers cette nouvelle idée. La force tranquille qu’il incarne peut l’aider à réaliser cette transition.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

(Reçu à Kassataya le 17 septembre 2019)

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