Mauritanie : ce que les observateurs attendent de la politique africaine de Ould Ghazouani

Profitant de son investiture le 1er août dernier, le président mauritanien avait esquissé les contours de sa diplomatie qui tirent sa force de l’identité arabo-africaine et de la géopolitique qui permet à la Mauritanie d’être le point de convergence entre les peuples de la région.

Une belle formule qui contraste avec l’ancrage du premier gouvernement dans la continuité du régime de Ould Aziz comme en témoigne la reconduction du chef de la diplomatie mauritanienne un invétéré de la politique arabe. Ce prolongement d’un état raciste inquiète les observateurs.

L’identité africaine gommée par son prédécesseur durant deux quinquennats, s’est traduite sur le terrain par des expulsions massives des pêcheurs sénégalais et en même des sénégalais en situation irrégulière et assez souvent sur fond de violations des droits de l’homme. Et pourtant si la Mauritanie existe aujourd’hui c’est grâce en grande partie aux dirigeants sénégalais qui ont repoussé les revendications du Maroc. Saint-Louis fut la capitale politique de la Mauritanie. Tous les cadres au début de l’indépendance du pays sont formés au Sénégal. Le régime de Ould Aziz est lui-même le prolongement du régime de Ould Taya. Les évènements de 89 ont montré le vrai visage des autorités de Nouakchott qui ont profité de ce différend pour déporter plus de 10000 noirs au Sénégal et au Mali. Et durant la première mandature de Ould Aziz l’instauration d’une carte de séjour pour tous les ressortissants ouest-africains est téléguidée par une politique qui favorise plus l’installation des citoyens du Maghreb et des pays arabes du Moyen-Orient.

Deux poids deux mesures qui pèsent sur la politique africaine de Nouakchott. Les citoyens afro-mauritaniens pour la plupart sont privés de leur état civil avec la mise en place d’un recensement biométrique. Avec le Mali les relations sont moins tendues à cause de l’existence de l’irrédentisme des touaregs. Nouakchott en a fait son cheval de bataille pour négocier la paix sociale. Et aujourd’hui les observateurs prêtent à Nouakchott comme un des artisans du futur protectorat de l’AZAWAD qui devra être rattaché à la Mauritanie.

Les observateurs attendent de Ould Ghazouani un réajustement de sa politique de voisinage immédiat notamment avec le Sénégal et le Mali, deux pays avec lesquels la Mauritanie partage le G5 sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste et l’OMVS pour les aménagements agricoles de la vallée. Et au-delà avec toute l’Afrique subsaharienne pour une diplomatie dynamique et efficace comme préambule de sa politique étrangère. La présence de 11 chefs d’Etat africain lors de son investiture est très éloquente.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

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 (Reçu à Kassataya le 24 août 2019)

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