Mauritanie : vers la justice des victimes de l’hôpital

Désormais tout décès dans un hôpital fera l’objet d’une enquête. Par ces mots le ministre de la santé marque son territoire et va plus loin en secouant le cocotier de la santé publique en affirmant que les responsables seront sanctionnés s’il s’avérait que le décès est dû à une négligence.

Voilà un début de perspective d’amélioration des soins de santé publique dans un pays où il est difficile de se présenter aux urgences sans être plus malade qu’on est arrivé. Bientôt aucun médecin généraliste ou spécialisé, aucun infirmier ou sage-femme n’échappera à une enquête s’il s’avérait qu’il est responsable de la mort d’un patient. Une révélation du ministre de la santé cette semaine à l’issue d’une tournée dans les structures sanitaires à Nouakchott. Ould Hamed promet ainsi que le temps du laxisme est révolu.

Une décision courageuse qui remet à plat toutes les carences d’un système sanitaire à plusieurs vitesses dans un pays où les négligences sont considérées comme des normes. Mais cette invitation au changement de mentalité ouvre la voie aussi à la possibilité des familles ou proches des victimes de l’hôpital de porter plainte. Des droits des citoyens qui pointent ainsi la justice dans un pays où ils ne sont respectés par ceux-là même qui sont censés les faire respecter.

L’autre problématique à laquelle se heurte cette réforme c’est la mise en place des enquêtes indépendantes dans ce domaine très sensible de la médecine. C’est une bonne prestation de début d’un ancien fonctionnaire international de l’OMS qui entend faire profiter de son expertise en matière de santé publique à ses compatriotes.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 20 août 2019)

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