Diop Moustapha : « L’intervention des éléments de l’Armée doit être vue comme EXCEPTION »

En ce moment, une situation factuelle interpelle. Celle de l’intervention des éléments de l’Armée pour pallier les carences dans la salubrité de la ville de Nouakchott.

Je m’exprime comme citoyen, certes, mais aussi en tant que militaire, ancien haut responsable dans une lointaine administration, purement militaire et, osons le qualificatif, dictatoriale, bien loin de cette nouvelle organisation démocratique du pays, que vous vous êtes donnée, avec ses multiples décentralisations et démembrements administratifs.

Je demeure convaincu de la nécessaire implication des armées dans la vie de la Nation.

Il existe des instructions permanentes, dans leurs différents segments, pour répondre présent à toute sollicitation d’autorités administratives compétentes pour des tâches d’intérêt public et où leur participation citoyenne seraient reconnue.

Ces jours derniers, des éléments de l’armée ont pris d’assaut maints quartiers de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) afin d’y assurer des opérations de salubrité physique. Noble tâche, pour une noble Institution.

Certes, je salue, à seulement moins de six semaines de l’investiture du nouveau Président de la République, cette prompte et heureuse préoccupation pour le bien être et l’hygiène des populations. Populations, il est vrai, menacées d’une perfide et permanente agression d’ordures ménagères et autres rébus, porteurs d’agents pathologiques graves.

Ce double constat atténue mon euphorie !

La présence de l’Armée sur un territoire déserté par les maîtres du céans interroge sur bien des aspects de la simple compétence des élus, corps constitués de la Démocratie..

Toutefois, à la décharge de la CUN, il y existerait, semble-t-il, des anomalies de gestion interne à résoudre !
Situation particulière, qui n’altère en rien notre approche du thème.

Il est évident, que l’ordre d’exécution de cette initiative militaire a reçu l’aval du Commandant en Chef des Armées, tel que la Constitution le consacre au Président de la République.

Je reste convaincu que cette intervention, louable pour les populations, dans l’urgence sanitaire, doit être vue comme EXCEPTION pour pallier la carence des services municipaux, dotés pourtant en moyens matériels et financiers dédiés.

Il ne devrait être ancré dans l’esprit d’aucune institution administrative, civile, que cet acte pourrait être récurrent !

Des Conseils Généraux ont été mis en place depuis près d’un an, maintenant. Les attributions qui leur sont conférées doivent être assumées. Où sont-ils ces Conseils ? Que font-ils ?

La rencontre avec le Ministre de l’Intérieur serait-elle la sonnerie de réveil de ces institutions si importantes dans la gestion des régions, recomposées.

Il est vrai, qu’il est prévu, en temps de paix, des tâches auxquelles certains services des Armées pourraient se dédier. Il s’agit du Génie Militaire, de l’Armée de l’air, de la Marine Nationale, du Service de l’Intendance avec ses ateliers de confections vestimentaires, du Service Matériel avec ses ateliers de réparations mécaniques, électriques et électroniques, etc. .

Il ne serait pourtant pas hors de raison que ces ensembles puissent participer à des appels d’offres publics.

Etant entendu que leurs dotations financières ne concernent que les missions qui en découlent au sein de l’Armée, leur participation à des ramassages d’ordures et autres déchets devrait donc être prises en charge entièrement par les communes qui ont des dotations financières, votées, à cet effet.

Pourquoi le Génie ne pourrait-il pas d’ailleurs s’investir dans les aménagements agricoles, les terrassements des pistes de désenclavement et les coupe-feux, les ouvrages d’art. Son personnel en a bien la formation.

Il est bien facile d’imaginer les domaines d’intégration des autres armes et services cités.

L’Etat, dans cette dynamique de sauvetage ponctuel, devrait songer à promouvoir, au grand soulagement de tous, des initiatives citoyennes volontaires, agissant, avec pédagogie, au plus près des populations, souvent dans l’indifférence des autorités de proximité. Je ne citerai qu’une initiative, au moins, celle dont je lis les activités sur les réseaux sociaux, dont l’impact est reconnu et dont l’expérience pourrait être dupliquée auprès des municipalités. Il s’agit du fameux GBH de l’infatigable Kaourou Diagana de Kaédi, qui vole au secours de populations sinistrées, au delà du Gorgol, à la moindre alerte. GBH signifie en langue poular « Golle Buri Haala », « Agir serait bien mieux que Discourir ».

Un slogan, bien à propos et le bienvenu, dans ces circonstances, qui sonne comme un défi à tous : pouvoirs publics, oppositions, société civile, invétéres-facebookeurs et autres !

Cette jonction avec les municipalités, appelant aussi d’autres initiatives, comme lui, qui existent et qui permettrait de revenir vite à une normalité dans la gestion de ce pan de la responsabilité des communes. Responsabilité qu’il faut qu’elles assument, tant dans l’enlèvement physique des ordures et leur destruction que dans la conscientisation de leurs administrés, co-coupables de ces sinistres récurrents.

 

DIOP  Moustapha

Ex Lieutenant de vaisseau

Facebook – Le 20 août 2019

 

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