Mauritanie : la dissolution du parlement, un véritable casse-tête de Ould Ghazouani

L’idée de dissoudre le parlement par le nouveau président mauritanien focalise cette semaine l’attention des observateurs au moment où le nouveau gouvernement ne fait pas l’unanimité au sein de l’UPR majoritaire à l’assemblée nationale.

Même si cette dissolution a effleuré l’esprit du nouveau locataire du palais de Nouakchott ce n’est pas une bonne idée. La difficulté à laquelle fait fasse le président Ould Ghazouani c’est Le parti-Etat UPR qui traverse une zone de turbulences avec un début de grogne de certains caciques du régime qui déplorent l’absence de certains cadres dans le gouvernement de Ould Cheikh Sidya.

Ce malaise réside même dans l’élection du dauphin de Ould Aziz. Les militants du parti n’ont pas apprécié les méthodes utilisées par leur chef qui s’apparentaient à un deal entre les deux généraux pour reconduire l’armée au pouvoir. C’est clair le forcing de Ould Aziz a joué beaucoup dans la victoire finale aux triples élections de septembre 2018 où le parti a obtenu une large majorité au parlement et conquis toutes les régions et plus de la moitié des mairies et l’élection de Ould Ghazouani avec une majorité de plus de 52 pour cent des suffrages à la présidentielle du 22 juin dernier.

L’UPR doit tous ces succès à Ould Aziz qui s’est impliqué personnellement même dans toutes les campagnes pour en arriver là. Ce rappel des faits est très significatif du malaise au sein de la majorité. Le nouvel homme fort entend tourner une page pour en écrire d’autres. Mais c’est sans compter sur les fidèles de Ould Aziz qui veulent avoir leur part du nouveau gâteau. En tournant le dos à beaucoup de caciques du parti Ould Ghazouani court le risque d’être rattrapé par l’histoire en se faisant beaucoup d’ennemis pour le moment au sein de l’appareil du parti qui envisage de tenir son congrès pour élire son président.

Cette grogne n’est pas encore finie malgré les concertations du chef de l’Etat avec le président du parti et de l’assemblée nationale. Pour l’instant elle n’a pas atteint le parlement. Mais si le mécontentement touche beaucoup de députés le risque d’un bras de fer est réel. Et dans ce cas c’est aussi un risque de blocage qui pourrait conduire à une crise parlementaire semblable à celle des sénateurs en 2007 sous le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a mal fini avec le coup de force en 2008 de Ould Aziz.

Un casse-tête du nouveau président qui devra agir vite pour convaincre ses troupes à rentrer dans les rangs surtout pour les irréductibles qui souhaitent le retour de Ould Aziz. Il a encore le temps avant la session extraordinaire du parlement en septembre prochain. Un passage obligé pour le chef du gouvernement pour présenter son programme.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

(Reçu à Kassataya le 16  août 2019)

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