Les bonnes intentions du nouveau président mauritaniens à réformer le pays sont saluées par les observateurs et la classe politique toutes tendances confondues. Et cela laisse penser qu’il va vers une nouvelle gouvernance. Après l’éducation nationale deux autres chantiers difficiles à mettre en oeuvre attendent Ould Ghazouani : la réduction de la fracture sociale et la restauration d’un Etat de droit.
Deux réformes structurelles du chef de l’Etat qui nécessitent une rupture avec la gabegie et la corruption et une volonté politique de séparation des pouvoirs et de respect des institutions de la république. Les observateurs ont noté avec satisfaction un discours d’investiture qui ouvre la voie à des réformes structurelles très importantes pour créer un climat serein après une grave crise post-électorale. Un espoir pour les mauritaniens de voir le bout du tunnel après 10 ans de gouvernance personnelle de son prédécesseur et d’abandon des populations les plus fragiles.
Après l’éducation nationale le nouveau président mauritanien a laissé entendre qu’il va s’attaquer à la pauvreté pour réduire la fracture sociale, à l’injustice pour l’égalité des chances à tous les mauritaniens. Deux talons d’Achille du régime précédent qui nécessitent des réformes profondes dans les secteurs de l’agriculture et l’élevage, de la pêche et des industries extractives. A cet effet, un état des lieux d’abord du trésor public de la banque centrale et des sociétés d’Etat devrait être initié par le nouveau chef du gouvernement. Le partage des richesses nationales passe par l’impulsion d’une nouvelle politique des ressources halieutiques, du minerai de fer, du pétrole et du gaz qui devra permettre d’augmenter les recettes d’exportations pour le budget de l’Etat et pour mettre en place une politique de couverture sociale pour les populations défavorisées.
En attendant, la mesure de créer une agence d’inclusion sociale rattachée à la présidence est une bonne chose à condition qu’elle serve à créer des emplois et pas seulement à assister les exclus de la république. Et enfin le secteur de la justice pour l’égalité entre tous les citoyens avec en toile de fond la restauration de l’Etat de droit qui respecte les institutions, la citoyenneté et les libertés. Il s’agit donc pour Ould Ghazouani de revoir toutes les lois sur les discriminations et les lois incriminant l’esclavage devront être appliquées. A commencer à revoir la copie du nouveau règlement de l’assemblée nationale qui stigmatise les députés de l’opposition. C’est une rupture avec la politique qui prévaut au sommet de l’Etat depuis des années, comblée par des forces extra-constitutionnelles. C’est le chantier le plus difficile à réaliser puisqu’il remet en cause le racisme d’Etat instauré depuis 1960 et mis en œuvre par les militaires depuis 78.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 07 août 2019)
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