Crise post-électorale Mauritanie : Ould Aziz gagne tous ses paris

Du coup d’Etat en 2008 à l’élection de Ould Ghazouani en 2019, la Mauritanie a traversé de douloureuses convulsions politiques qui résultent de l’obstination de Ould Aziz à relever tous ses défis qu’il a gagnés à la veille de céder le fauteuil loyalement à un autre général qu’il a lui-même désigné.

Un putsch en 2008 avant de rempiler deux mandats, la modernisation de l’état-civil, une réforme constitutionnelle et l’alternance militaire. Autant de paris que Ould Aziz a gagnés en 10 ans de pouvoir. La seule épreuve difficile à laquelle il a été confronté personnellement et qui a failli vacillé la république c’est l’incident de Toueila, un poste de l’armée mauritanienne à quelques kilomètres de Nouakchott où il avait reçu un tir d’une unité militaire touchant son abdomen. Des cicatrices qui ont valeur de traversées de désert.

Le premier pari est incontestablement la mise en place d’un recensement biométrique, colonne vertébrale de la politique discriminatoire contre les noirs en particulier. Une modernisation de l’Etat-civil en génocide biométrique. Sans doute le plus difficile de son pari après avoir conquis le pouvoir d’abord par un coup de force avant l’élection en 2009 et ensuite sa réélection en 2014, c’est la réforme constitutionnelle à laquelle il tenait comme les prunelles de ses yeux.

La suppression du Sénat a soulevé une fronde des sénateurs et un tollé général de l’opposition et au final un véto de cette deuxième chambre mauritanienne. Un forcing constitutionnel a contraint ainsi les mauritaniens à aller aux urnes pour un référendum peu approuvé par les électeurs dans leur diversité. La consécration de cette réforme constitutionnelle c’est les élections législatives municipales et régionales de septembre 2018 largement remportées par son parti l’UPR. Et en outre il a réussi à changer le drapeau et l’hymne national, deux symboles nationaux qu’il a remis sur les rails d’un nationalisme étroit panarabe.

Deux paris ont été tenus facilement après avoir déblaye le terrain en verrouillant le système électoral et en mettant à l’écart l’opposition démocratique c’est d’abord le respect de la constitution qui lui interdisait le troisième mandat et l’alternance militaire en désignant lui-même son successeur en contournant le parti. Ould Aziz s’est impliqué dans la campagne 2019 de son candidat pour écrire une nouvelle page dans l’alternance militaire.

Avant de remettre les clés du palais de Nouakchott à Ould Ghazouani, le président mauritanien peut dire tout haut qu’il a réussi tous ses paris. Et qu’à partir de maintenant il peut prendre sa retraite dorée dans sa seconde résidence aux Emirats Arabes Unis.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 27 juillet 2019)

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