Portrait : Cheikh Touré, l’enfant de Kaédi aux Nations Unies, une fierté mauritanienne

Cheikh Ahmed Tidiane Touré fait partie de ces mauritaniens qui excellent en silence, loin des tambours et des trompettes, au sommet de grandes instances des Nations Unies. Cheikh Touré,  ressortissant du Gorgol est certainement une fierté pour défunt père dont les appels à la prière retentissent encore dans les oreilles des fidèles de Kaédi.

 

Cheikh Touré qui se trouve hors de son pays depuis plus de dix ans, « est un diplomate de haute facture », confie un de ses compatriotes qui l’a vu à l’œuvre dès l’année 2004, où envoyé en Côté d’Ivoire, « Cheikh s’est aux avant-postes dans la stratégie onusienne de résolution du conflit ivoirien. »

En effet, c’est à Daloa, ville située dans le centre ouest, que le fils du vieux Habib Touré est chargé de piloter le volet des droits de l’homme de l’ONUCI (Opérations des Nations Unies en Côte d’Ivoire) dont il se verra par la suite confier la responsabilité du  bureau régional basé à Guiglo, dans l’Ouest ivoirien. Et c’est là que se concentre une bonne partie des tensions intercommunautaires.

Cheikh Touré y restera loin de sa famille, la zone étant déclarée « non family duty station » selon les normes de sécurité des Nations Unies.  Pourtant, quelques mois auparavant, l’enfant de Dimbe travaillait comme Conseiller stratégique à Montréal, au Canada, avec plusieurs agences de coopération internationale tournées vers l’Afrique.

En 2006, quelques mois avant l’accord politique de Ouagadougou entre les principaux acteurs de la crise ivoirienne, Cheikh Touré est appelé à Abidjan pour coordonner la nouvelle unité de communication et sensibilisation. Une position qui lui permet de déployer, pour l’ONUCI et l’ensemble des agences des Nations Unies, une stratégie efficace de bons offices au travers du dialogue politique, de renforcement de capacités des organisations de la société civile et  des institutions nationales en charge des programmes de sorties de crise.

Un de ses collègues rappelle que, « devenu la pièce incontournable du dispositif de l’ONUCI, Cheikh va être de tous les combats pour contribuer à apaiser les tensions entre les frères ivoiriens ».

A son actif également, des plateformes de dialogue impliquant diverses catégories de la population, notamment la classe politique et militaire, les jeunes et les autorités administratives, traditionnelles et religieuses.

« Au plus fort de la crise postélectorale en 2010, Cheikh Touré est au cœur du dispositif autour du top management de la mission onusienne pour le règlement de la crise. » Indique son compatriote qui l’a connu durant cette période.

« Ses conseils avisés et son entregent lui assurent une confiance de ses supérieurs hiérarchiques mais aussi des parties ivoiriennes qu’il appuiera dans les phases critiques du processus de résolution de la crise et de consolidation de la paix. »  Témoigne encore cet ami.

En 2017, quelques mois avant la fermeture de la mission de l’ONUCI, Cheikh Touré est promu Conseiller des Affaires politiques, dans le bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies. Mission : contribuer à une gestion très sensible de la fermeture définitive du bureau de l’ONUCI, après que la paix est revenue.

Homme de terrain et de conviction, il n’hésite pas à s’engager corps et âme, quelle que soit la nature de la mission, comme en mai 2017, lorsqu’il est dépêché au Mali auprès de la MINUSMA, afin d’appuyer la mise en œuvre de l’accord politique d’Alger, à travers les questions de la réforme de la sécurité.

Mais il est très vite rappelé pour une nouvelle mission en Côte d’Ivoire où la Cour Pénale Internationale (CPI) venait d’implanter son premier bureau régional. Son profil ne pouvait passer inaperçu.  Sa rigueur professionnelle et son capital relationnel vont payer en quelques mois. Décriée par une bonne partie de l’opinion publique africaine, la CPI avait besoin de redorer son image.

La tâche n’est pas facile, mais Cheikh réussit à imprimer sa marque. Sa méthode ? Transparence, ouverture et une bonne dose de diplomatie. L’ancien étudiant du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris et de l’Université Paul Valéry de Montpellier applique ce qu’un bon négociateur doit savoir : Montrez que tout le monde gagne dans une négociation.

Hors de la sphère professionnelle, sa maison ne désemplit pas de monde. Il reçoit toutes les nationalités avec lesquelles il aime partager la générosité et l’humilité, « une marque bien mauritanienne » comme il aime à dire. C’est toute la fierté qui force notre estime.

 

K-Tocka

Source : Initiatives News (Le 18 juillet 2019)

 

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