En septembre 2018, la loi Pacte a institutionnalisé la pratique du name and shame pour les entreprises mauvaises payeuses: les sanctions qui pourraient les frapper seront désormais rendues publiques dans la presse, à leur frais.
Nouvelle en France, cette méthode est largement répandue dans les pays anglo-saxons. Plus généralement, la honte peut être un outil puissant pour changer nos modes de vie et obliger les personnalités politiques et les entreprises à rendre des comptes.
Ce qui rend si précieux le name and shame, c’est qu’il constitue l’un des seuls leviers que les faibles peuvent utiliser contre les forts, souligne Jennifer Jacquet, professeure d’études environnementales à l’université de New York et autrice de Is Shame Necessary?. «La honte reste le principal moyen de faire respecter les normes relatives aux droits humains», avance-t-elle dans un article du Guardian.
Elle peut permettre d’exposer les pays, les institutions ou encore les entreprises qui recourent à l’esclavage, à de la maltraitance ou encore à des pratiques sexuelles douteuses et les confronter à leurs actes.
À manier avec précaution
La honte pourrait même contribuer à faire évoluer certaines pratiques: «Faisons honte aux marques ou aux industries, dans l’espoir que cela se traduise par des changements dans leur comportement et que cela nous avantage nous, consommateurs», préconise la spécialiste.
Reste qu’il faut utiliser le name and shame avec raison et parcimonie. «Les gens disent souvent qu’ils ne sont pas d’accord avec l’humiliation publique, mais ce avec quoi ils ne sont pas d’accord, c’est la norme qui est appliquée, la forme que prend l’humiliation ou la mesure dans laquelle elle se produit», décrypte Jennifer Jacquet –car comme tous les outils, elle peut être utilisée pour faire le bien ou le mal.
Si la honte peut modifier ou moraliser les comportements, encore faut-il que les personnes puissantes visées soient sensibles à ce qui peut être dit sur les réseaux sociaux. Ce n’est par exemple pas le cas de Donald Trump, capable de déclarer «personne ne respecte plus les femmes que moi», alors que le président américain a été accusé de harcèlement ou d’agressions sexuelles à de multiples reprises.
Repéré par Robin Lemoin
Repéré sur The Guardian
Source : Slate
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com