Un jihadiste malien accusé d’avoir participé à la démolition du patrimoine à Tombouctou a joué un rôle déterminant dans le « calvaire » et la « tyrannie » imposés aux habitants, a déclaré lundi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est accusé d’avoir participé en 2012 et 2013 à la démolition de mausolées dans la ville malienne et d’être responsable de viols et d’esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés.
Des accusations de torture pèsent également contre le jihadiste, qui a été remis en avril 2018 à la CPI par les autorités maliennes et transféré au centre pénitentiaire de la Cour, à La Haye.
Al Hassan comparaissait lundi devant les juges, qui doivent désormais décider s’il y a suffisamment de preuves contre lui pour aller jusqu’au procès. Leur décision pourrait prendre plusieurs mois.
« Al Hassan a lui-même arrêté des civils, les a interrogés et a participé à des tortures. Il a administré personnellement des flagellations, y compris sur des femmes », a lancé le procureur de la CPI, Fatou Bensouda.
La défense a quant à elle dénoncé l' »impartialité » d’une des juges assignés à l’affaire et a demandé sa récusation. La chambre n’a pas immédiatement statué sur cette requête.
Al Hassan, 40 ans, aurait été membre du groupe jihadiste Ansar Eddine et commissaire de la police islamique à Tombouctou. Il faisait partie des groupes armés qui ont pris le contrôle de la région reculée du nord du Mali en 2012 et « imposé leur vision de la religion, par la terreur », à une population locale qui a vécu un « calvaire imposé par un régime tyrannique », a déclaré Mme Bensouda.
L’homme d’origine malienne avait sous son contrôle environ 40 policiers islamiques. Toutes les infractions aux lois islamiques strictes étaient punies par des flagellations, des tortures et par la destruction de sites consacrés à des pratiques religieuses, a-t-elle poursuivi.
Al Hassan est le deuxième jihadiste islamique à être jugée par la CPI. Lors d’un verdict historique, la Cour avait condamné en 2016 un premier jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir également pris part en 2012 à la démolition des mausolées protégés à Tombouctou, un site inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial.
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