Présidentielle en Mauritanie : retour sur une journée de vote sans incident

C’était le jour J pour l’élection présidentielle en Mauritanie. Le premier tour s’est tenu, ce samedi 22 juin. Quelque 1,5 million d’électeurs appelés aux urnes ont départagé six candidats. Cinq sont issus de l’opposition, ils affrontentaient le dauphin du président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, à qui la Constitution interdit de se représenter. Retour sur une journée qui s’est déroulée dans le calme.

 

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19 heures en Mauritanie. Les bureaux de vote vont donc fermer progressivement dans le pays puisque tous les électeurs présents dans l’enceinte pourront voter. Le dépouillement doit commencer tout de suite, dès le dernier bulletin glissé dans l’urne.

Après les quatre candidats de l’opposition, c’est le dauphin du chef de l’Etat, Le général Ghazouni, qui tient une conférence de presse alors que les bureaux sont toujours ouverts.

Dernière ligne droite pour les électeurs. Les Mauritaniens continuent à arriver dans les centres électoraux. Dans un bureau vote d’un quartier chic de la capitale, l’affluence était au rendez-vous pour ce vote puisqu’un peu après 18 heures, 373 électeurs sur 594 étaient venus voter.

Le président de la Céni a fait un dernier point avant la fermeture des 3 800 bureaux. Quelques Incidents avec les représentants des candidats ont été signalés, mais tout est rentré dans l’ordre. Il y a une dizaine de bureaux qui ont ouverts avec du retard. Mais aucun bureau n’est allé au delà de 19 heures.

Le président de la Céni mauritanienne, Mohamed Vall Ould Bellal, dans son bureau de Nouakchott, le 22 juin 2019. © RFI/Paulina Zidi

 

À 18h, on vote toujours à Nouakchott et dans le reste du pays. Le soleil commence à descendre et les Mauritaniens à ressortir dans la rue. Dans le quartier de Ksar, dans la vieille ville, un assesseur ne cachait pas son enthousiasme tout à l’heure : « Il y a beaucoup plus d’électeurs qu’en 2014, a-t-il confié, les mentalités changent ! » En début d’après-midi, la Céni estimait le taux de participation à 34 %.

À 17h30, les autorités n’avaient pas encore réagi à la conférence de presse des quatre candidats de l’opposition. Le président de la Céni quant à lui, Mohamed Vall Ould Bellal, a indiqué un peu plus tôt que le scrutin s’est globalement bien déroulé sur l’ensemble du territoire. La Commission reconnait quelques dysfonctionnements, des retards à l’ouverture de certains bureaux de vote. Dans quelques localités de province, des observateurs de l’opposition ont été refoulés des centres de vote. Mais pas de quoi, remettre en cause la validité du scrutin.

Siège de la Céni mauritanienne, à Nouakchott. © RFI/Paulina Zidi

 

Encore un peu plus de deux heures pour voter lors de ce premier tour de la présidentielle. Les centres fermeront à 19 heures, heure locale et le dépouillement commencera dès la fin du scrutin. Les résultats officiels devraient être proclamés par la Céni ce mardi.

Entre 15h30 et 15h50, quatre candidats de l’opposition ont tenu une conférence de presse commune. Dressant une liste des dysfonctionnements constatés par leurs équipes, ils ont dénoncé des fraudes électorales et l’expulsion de leurs observateurs de certains bureaux de vote.

Quatre des candidats de l’opposition ont tenu conférence de presse commune. De gauche à droite, Sidi Mohamed Ould Boubacar, Kane Hamidou Baba, Mohamed Ould Maouloud et Biram dah Abeid. © équipe de campagne de Sidi Mohamed Ould Boubacar

 

À 15h30, comme on peut le voir sur les photos de notre envoyée spéciale, les tentes dressés par certaines équipes de campagne pour accueillir leurs électeurs sont toujours présentes devant certains centres électoraux.

À 14h30, toujours beaucoup de monde qui attend pour voter, y compris des militaires. En effet, la particularité de cette élection, c’est que les militaires votent en même temps que les civils. Auparavant, ils votaient en général la veille. Des convois de soldats arrivent dans les bureaux de vote où ils sont enregistrés.

En début d’après-midi, la chaleur, désormais très importante à Nouakchott, ne décourage pas les électeurs qui continuent à venir voter et à se mobiliser.

Des électeurs font la queue pour vote au premier tour de l’élection présidentielle en Mauritanie, samedi 22 juin, à 13h15. © RFI / Paulina Zidi

 

À 12h30, dans le quartier de Tevragh Zeina, il y a des bouchons de circulation aux alentours des bureaux de vote, tant l’affluence est importante. Dans le collège Ksar, dans la vieille ville, les assesseurs estimaient quelque temps plus tôt que le taux de participation avoisinait déjà les 37 %.

Selon la Céni, à la mi-journée, le scrutin se déroule pour l’instant globalement bien à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Aucun incident majeur n’a été d’ailleurs signalé à ce stade par les états-majors des candidats, dont les observateurs semblent plutôt sereins. Plusieurs dysfonctionnements ont toutefois été signalés, tels que des retards à l’ouverture, ou une jeune fille qui a tenté de voter avec la carte d’identité de sa mère. Dans plusieurs localités, à Tidjikdja, Boutilimit ou encore Magta-Lahjar, des représentants de l’opposition se sont également vu interdire l’accès au bureau de vote.

Au PK8, quartier périphérique de Nouakchott, l’ambianceétait plutôt calme et bon enfant au cours de la matinée. Certains militants sont venus tenter de donner des consignes de vote, tandis que la gendarmerie a fait démanteler les tentes plantées devant le centre de vote numéro 9 – il faut préciser que des tentes sont fréquemment présentes devant les lieux de scrutin, souvent installées par les candidats.

Tout comme l’accompagnement des électeurs par les militants où la fourniture de carburants, que nous avons déjà évoqués, ces actions flirtent avec la ligne rouge du code électoral, mais la plupart des personnes présentes s’accordent à dire qu’elles participent de la sensibilisation au vote.

Les opposants « prêts à dénoncer toute tentative de fraude »,

Mohamed Ould Abdel Aziz a voté vers 8h avec le Premier ministre, Mohamed Salem Ould Béchir, dans un bureau de vote près du palais présidentiel. Le président sortant a ensuite fait une longue déclaration à la presse. « Ce qui m’intéresse est que les choses se passent dans l’ordre, la discipline, et la responsabilité », a-t-il affirmé. Avant d’assurer que l’éventualité d’un second tour lui était « égale », tant que « la cohésion du pays » était assurée. Son souhait est « qu’on arrive aujourd’hui le 22 juin à élire un président pour ce pays qui puisse continuer l’œuvre que nous avons commencée ensemble » a précisé celui qui fut l’auteur de deux coups d’Etat, en 2005 et en 2008, avant d’organiser et de gagner la présidentielle de 2009.

Son dauphin, Mohamed Ould Ghazouani, devait voter à midi près du stade olympique.

Sidi Mohamed Ould Boubacar a lui voté à 9h, dans une école de Nouakchott, avant d’affirmer : « Le peuple et sa jeunesse ne se laisseront pas voler leur vote ». « Nous restons vigilants, prêts à dénoncer toute tentative de fraude », a prévenu le candidat soutenu notamment par Tawassoul, faisant référence aux « indices inquiétants » que constituent la composition de la Commission électorale et l’absence d’observateurs internationaux.

Les militants mobilisés jusqu’au bout

Grosse ambiance à 10h30 devant le bureau de vote du collège du Ksar, dans l’ouest de la capitale. Ils sont plusieurs jeunes envoyés par les équipes de campagne pour motiver les électeurs. Fatimata est là pour soutenir la candidature de Mohamed Ould Ghazouani. A ses côtés Mohamed roule pour Sidi Mohamed Ould Boubacar. Il précise bien être là bénévolement, pour le changement.

Tous les candidats espèrent mobiliser un maximum de votants d’ici la fin de la matinée, avant la grosse chaleur, qui risque peut-être de décourager les derniers électeurs.

Dans ce quartier, on a pu observer quelques couacs, des électeurs ne parvenant pas à trouver leur bureaux de vote. Ceci, en dépit du système mis en place par la Céni qui permet, grâce à un sms, de recevoir le numéro de son lieu de scrutin. Mis à part cela, tout semble se dérouler normalement. Il n’y a ni retard, ni absence de matériel.

Mohamed alpague un électeur devant le bureau de vote du du Collège du Ksar pour lui parler de son candidat. © RFI/Paulina Zidi

 

La matinée avance et les électeurs continuent de se présenter à leurs bureaux de vote respectifs, même si certains ont des difficultés à le trouver. Écoutez ces électrices et électeurs rencontrés par notre envoyée spéciale dans un bureau de vote du 5è arrondissement de Nouakchott :

« C’est très important. Il faut que tout le monde vote, que les gens sortent massivement faire leur devoir de citoyens. On doit changer, c’est le régime qui doit changer, parce qu’on a le droit d’être vivre nous aussi, on a le droit d’être libres…. C’est notre pays encore. « Paroles d’électrices et d’électeurs mauritaniens

 

Dans un bureau de vote au centre de la capitale, à 9h45, nous retrouvons trois observateurs – un représentant de Mohamed Ould Ghazouani, un de Sidi Mohamed Ould Boubacar et un de Mohamed Ould Maouloud -, fidèles à leur poste. Les candidats ont déployé 500 observateurs dans les bureaux de vote du pays. Sont aussi présents des observateurs de l’Union africaine et les scrutateurs de l’organisation de la société civile, le Forum national des associations de défense des droits de l’homme (Fonadh). Ce sont les seuls observateurs indépendants.

Des observateurs envoyés par des candidats, attentifs au bon déroulement du scrutin. © RFI / Paulina Zidi

 

Croisé à 9h, Dicko, responsable de l’Union des forces du progrès (UFP), parti du candidat Mohamed Ould Maouloud, raconte comment il accompagne les gens pour aller voter. Il explique qu’avec d’autres militants, ils ont prévu des moyens de transport pour conduire les électeurs dans leurs bureaux de vote respectifs. Il dit conduire pas moins de 200 personnes rien que dans le bureau de vote à Sebkha, quartier de Nouakchott où notre envoyée spéciale l’a retrouvé.

À 8h15, au lycée d’excellence 4 de Tevragh Zeina, quartier de Nouakchott, les électeurs votent. Gabriel est venu faire son « devoir électoral », il nous montre sa carte d’électeur tamponnée et son doigt encré, preuves de sa participation au vote (photo principale). Son ami Tomi, lui, n’a pas encore pu voter, alors qu’il est là depuis 7h du matin, faute de trouver son nom sur les listes. Il va « s’accrocher », car pour lui, « pas question de ne pas voter ».

Gabriel montre sa carte d’électeur et son doigt encrés, après avoir voté. © RFI/Paulina Zidi

 

8h, devant un bureau de vote à Nouakchott, des jeunes en chasubles bleues affirment être là pour aider à voter. Militants en faveur de Mohamed Ould Ghazouani, ils ont découpé des spécimens de bulletins – qu’ils ont avec eux – pour n’en garder que la partie dédiée au candidat du pouvoir. Et ils donnent ce document aux gens qui viennent leur demander des conseils, afin de les pousser à voter pour le dauphin du président.

Des militants de Mohamed Ould Ghazouani distribuent des morceaux de bulletin à l’effigie de leur champion pour inciter les électeurs à voter en sa faveur. © RFI / Paulina Zidi

 

Peu avant 7h TU et l’ouverture du scrutin, le fond de l’air est encore frais à Nouakchott, tandis que les premiers électeurs se pressent devant les bureaux. Devant la maison de la commune de Tevragh Zeina, une localité de Nouakchott, quartier plutôt chic du côté des ambassades, une vingtaine de personnes attendent devant les grilles pour aller glisser leur bulletin dans l’urne, rapporte notre envoyée spéciale à Nouakchott, Paulina Zidi.

À 7h TU, c’est l’ouverture du scrutin. Dans le 5e arrondissement de Nouakchott, un quartier plutôt proche de l’opposition, des Mauritaniens font déjà la queue pour voter dans ce bureau situé dans une école. Quelques policiers assurent la sécurité. Adam a été des premiers à voter ce matin. Tout s’est bien passé pour lui. Le bureau a ouvert à l’heure. Il y a même récupéré sa carte d’électeur. Au Stade olympique de Nouakchott, des files d’attente se sont également constituées dès l’ouverture, scène inhabituelle dans ce quartier chic.

7h30, alors que des électeurs continuent d’arriver, certains affirment être bien décidés à exercer leurs droits, rapporte notre envoyée spéciale Gaëlle Laleix. Un soutien de Mohamed Ould Ghazouani, candidat du parti au pouvoir, espère qu’un « maximum de personnes se déplacent avant midi ». Et pour cela, des militants vont jusqu’à payer du carburant ou des places de bus à des électeurs de province, afin qu’ils se rendent dans leurs bureaux de vote.

Dans le 5e arrondissement de Nouakchott, un quartier plutôt proche de l’opposition il y a déjà la queue pour voter dans ce bureau situé dans une école, à 7hTU. © RFI/Paulina Zidi

 

En tout, 3 800 bureaux de vote sont déployés à travers le pays ce samedi. Six candidats sont en lice pour succéder à Mohamed Ould Abdel Aziz, le président sortant. Ce scrutin doit marquer la première transition entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays secoué par de nombreux coups d’État de 1978 à 2008. Les bureaux de vote sont ouverts de 7h à 19h TU. Les premiers résultats sont attendus en début de semaine prochaine.

 

Source : RFI

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