Le Malgache avait été interpellé dans le cadre d’une information judiciaire pour association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance et faux et usage de faux.
Le président de la Confédération africaine de football (CAF), interpellé à Paris, jeudi 6 juin, par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), est ressorti libre de sa garde à vue, sans poursuite à ce stade, a annoncé vendredi le procureur de Marseille à l’AFP. Le Malgache Ahmad Ahmad avait été interpellé dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, le 28 mai, notamment pour association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance et faux et usage de faux, a précisé le procureur Xavier Tarabeux.
C’est Jeune Afrique qui avait lâché la bombe, jeudi, en milieu de matinée : « Ahmad Ahmad a été interpellé vers 8 h 30 », pour être entendu au sujet d’un « contrat rompu unilatéralement par la CAF avec l’équipementier allemand Puma », écrivait l’hebdomadaire. M. Ahmad était présent à Paris dans le cadre du congrès électif de la FIFA, qui s’est tenu dans la capitale française mercredi, juste avant le coup d’envoi du Mondial féminin, vendredi au Parc des princes.
Jeudi, la FIFA s’était contentée d’indiquer que le numéro un du football africain était « interrogé par les autorités françaises ». La FIFA « prend note des événements présumés concernant M. Ahmad, qui est interrogé par les autorités françaises » pour des « allégations liées à son mandat de président de la CAF ». La fédération avait indiqué ne pas connaître « les détails » de cette enquête, ne pas être en mesure de « commenter » et avait demandé « aux autorités françaises toute information » qui pourrait intéresser sa « commission d’éthique ».
« Tolérance zéro »
« Il n’y a plus de possibilités pour la corruption. C’est tolérance zéro ! Ce qui s’est produit ne doit plus se répéter. Cela doit être clair pour ceux qui sont dans cette salle et en dehors », avait prévenu, mercredi, Gianni Infantino, le président de la FIFA, avant sa réélection, évoquant les scandales passés de l’ère Sepp Blatter, son prédécesseur. Dans l’affaire révélée jeudi, Puma, après rupture présumée du contrat de façon unilatérale, « a demandé une compensation de 100 000 dollars [près de 90 000 euros] mais la CAF n’a pas payé la somme », a exposé à l’AFP Amr Fahmy, l’ex-secrétaire général de la CAF.
Selon des documents consultés par l’AFP, la CAF avait dans un premier temps passé contrat en décembre 2017 avec Puma pour la fourniture d’équipements destinés notamment à habiller les 580 volontaires du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2018, épreuve réservée aux joueurs africains évoluant sur le continent. Peu de temps après, la CAF aurait rompu ce contrat au profit d’une autre société basée en France et fournissant, elle, du matériel Adidas, et ce pour un montant supérieur au contrat initial.
Selon des sources concordantes, M. Ahmad est également l’objet d’une enquête de la commission d’éthique de la FIFA, ouverte notamment suite à une plainte pour « mauvaise gestion » transmise en mars à la justice interne de la FIFA par Amr Fahmy. Ce dernier a été licencié en avril par la CAF.
Polémique monstre
L’interpellation de son patron tombe mal pour la CAF, déjà engluée dans une polémique monstre pour sa décision de faire rejouer la finale retour de la Ligue des champions africaine, qui s’était achevée avant son terme et dans la confusion, vendredi dernier, après une panne de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). « J’ai vu qu’il y a eu des problèmes. C’est malheureux. C’est une question de crédibilité pour toute l’Afrique », avait déclaré Gianni Infantino, mercredi.
Le football africain est bien à un tournant de sa crédibilité : déjà affaibli par le processus heurté de désignation de l’Egypte comme pays hôte de la prochaine CAN, après que le Cameroun a été destitué de l’organisation dans la confusion, il aborde une nouvelle période de turbulences.
Avant le match d’ouverture, le 21 juin, les incertitudes nées des délais serrés, des craintes sécuritaires et des problèmes d’organisation planent toujours au-dessus du pays des Pharaons, qui n’a eu que six mois pour préparer la plus grande CAN de l’histoire, à 24 sélections.
Source : Le Monde
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