Répression : Au Soudan, des morts par dizaines et un pays dans l’impasse

Le bilan de la répression armée contre les manifestants ne cesse de grimper au Soudan. Les médias évoquent désormais plus d’une centaine de morts.

 

Lundi 3 juin, des groupes paramilitaires ont commencé à attaquer des camps de protestation civile à Khartoum. Depuis, rapporte la BBC ce mercredi, “les médecins liés à l’opposition estiment qu’une centaine de personnes ont été tuées”. Le média britannique relate qu’une quarantaine de corps ont été repêchés dans le Nil, qui traverse la capitale du Soudan, ces deux derniers jours.

“Il n’y a pas eu de confirmation indépendante du nombre de morts mais de nombreux témoins et militants ont raconté que les morts et les blessés avaient été jetés dans la rivière ces derniers jours”, explique The Guardian.

Les membres des Rapid Support Forces, un groupe paramilitaire formé par l’ancien dictateur Omar al-Bachir et qui s’est fait connaître lors de la guerre au Darfour, sont accusés d’être responsables des attaques contre les manifestants. “Des habitants de Khartoum nous racontent leur terreur alors que des membres des Rapid Support Forces patrouillent les rues”, relate la BBC.

En plus des meurtres, “des récits terrifiants de viols par les paramilitaires commencent à émerger”, écrit The Guardian. Le journal britannique cite des personnes à Khartoum qui ont été témoins d’agressions sexuelles dans un hôpital où des manifestants étaient soignés, mais aussi dans les rues de la capitale soudanaise.

L’armée n’a aucune intention de rendre le pouvoir

La répression de ces derniers jours a valu au Soudan une condamnation internationale, allant des États-Unis à l’Europe. Mercredi, le Conseil militaire de transition, qui dirige le pays depuis la destitution d’Omar al-Bachir le 11 avril, a offert de reprendre les négociations avec l’opposition civile. “Soit les pressions et condamnations internationales ont produit leurs effets, ou alors il faut s’attendre à une nouvelle ruse de la part de l’armée, bien déterminée à ne pas rendre le pouvoir aux civils”, réagit le journal burkinabé Wakat Séra.

On ne peut être que désolé devant la tournure des événements, regrette la publication :

Le déficit de confiance sera très difficile voire impossible à combler. Il faut le dire sans risque de se tromper, les insurgés, résolus à ramener le Soudan dans une ère de liberté et de démocratie, ont été trahis par l’armée et la police qui s’étaient rangées à leurs côtés pour destituer, le 11 avril 2019, Omar al-Bachir qui a tenu pendant plus de trente ans le pays d’une main de fer. Mais le rêve est bel et bien en train de virer au cauchemar car les hommes en kaki n’ont visiblement aucune intention de rendre le pouvoir aux civils.”

Mardi, le chef du Conseil militaire, Abdel Fattah al-Burhan, a annoncé la tenue d’élections présidentielles dans neuf mois. “C’est la façon la plus facile et la plus rapide pour les militaires de mettre fin au printemps de Khartoum et de perpétuer le règne de Bachir, sans Bachir, estime Wakat Séra. Les militaires ont donc tombé le masque, confirmant leur stratégie initiale de sacrifier Bachir pour garder le gouvernail bien en main.”

Source : Courrier international

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