En Belgique, de fausses rumeurs accusent les migrants de véhiculer des maladies contagieuses

Gale, tuberculose, malaria, paludisme… Depuis plusieurs jours, les migrants présents sur le sol belge sont accusés de transmettre des maladies contagieuses. À tel point, que les bus ne marquent plus l’arrêt à la gare du Nord, lieu de rassemblement des migrants à Bruxelles, de peur que les chauffeurs soient contaminés. Médecins du monde rappelle qu’il « n’y a ni plus de migrants, ni plus de maladies » et demande « d’éviter les déclarations, propos ou titrailles qui génèrent le rejet ».

 

Avec l’approche des élections européennes, la pression monte autour des questions migratoires en Belgique. « On assiste à des ‘fake news’ relayées par les politiques et les médias », s’inquiète Mehdi Kassou de la plateforme citoyenne pour l’accueil des réfugiés, contacté par InfoMigrants. « Il serait utile d’éviter les déclarations, les propos ou les titrailles qui (…) génèrent le rejet », déclare dans un communiqué Médecins du monde (MdM) Belgique.

En effet ces derniers jours, des rumeurs de contagion de maladies véhiculées par les migrants agitent les esprits. Un article du quotidien flamand Het Laatste Nieuws a mis le feu aux poudres la semaine dernière en rapportant « une épidémie de gale, de tuberculose et de malaria » parmi les migrants.

Les bus ne s’arrêtent plus à la gare du Nord

Résultat : deux sociétés de transports en commun belges ont décidé lundi 6 mai de déplacer des arrêts de bus pour éviter de desservir la gare du Nord, à Bruxelles. Ils ont jugé que la situation sanitaire y était inquiétante en raison de la présence de nombreux migrants.

« Cela provoque des problèmes d’hygiène et un sentiment d’insécurité. C’est une situation intolérable », a déclaré à l’AFP Tom van de Wreken, porte-parole du transporteur De Lijn.

>> À lire sur InfoMigrants : Belgique : au centre fermé 127 bis, « les migrants n’ont même pas accès à des douches »

Les agents de nettoyage amenés à ramasser les déchets à la gare du Nord sont eux aussi inquiets. L’agence régionale Bruxelles-Propreté a annoncé mercredi que le personnel allait se faire vacciner contre l’hépatite A et B, et qu’il serait équipé de salopettes, de lunettes de protection et d’un masque. « Compte tenu de certaines informations, nous avons tenu à prendre les devants et éviter tout risque pour notre personnel », a affirmé mercredi Etienne Cornesse, le porte-parole de l’agence.

La gare du Nord est connue depuis 2015 pour être un lieu de rassemblement des migrants. Un « hub » humanitaire, regroupant des ONG comme MdM ou Médecins sans frontières (MSF), y a même été installé en 2017 dans l’enceinte de la gare. Entre 600 et 700 migrants sont présents en Belgique, un chiffre stable depuis plusieurs mois.

« Il n’y a ni plus de migrants, ni plus de maladies »

Alors pourquoi leur présence fait-elle polémique aujourd’hui ? « Les migrants sont plus visibles qu’avant donc ils dérangent », explique Mehdi Kassou.

Depuis plusieurs semaines, une centaine d’entre eux – qui ne sont pas pris en charge par les hébergeurs citoyens du réseau de la plateforme citoyenne pour l’accueil des réfugiés – ont trouvé refuge dans une salle de la gare, laissée à leur disposition par la région. Ils y passent leurs journées et leurs nuits. Mais « les conditions sanitaires y sont déplorables », signale Mehdi Kassou. « Il n’y a pas d’eau, pas de sanitaire, très peu de nettoyage donc de fortes odeurs… », continue-t-il.

Face à la montée des tensions, MdM a réagi dimanche en publiant un communiqué dans lequel l’ONG assure qu’il « n’y a rien de nouveau aujourd’hui, sinon l’apparition de la varicelle. Il n’y a ni plus de migrants, ni plus de maladies ».

faisons parler les chiffres: les cas de tuberculose & paludisme sont stables tandis que ceux de gale sont en baisse. Nous rappelons à notre lettre ouverte du 20 septembre 2018.. à ce jour sans réponse!

« J’ai entendu certaines personnes dire qu’ils avaient peur d’attraper le paludisme ! » soupire Mehdi Kassou. « On n’attrape pas le paludisme par le contact physique mais par les moustiques », explique Alexandre Seron, directeur de campagnes à MdM Belgique, joint par InfoMigrants.

« Arrêtons de faire peur aux gens »

« Cette polémique est infondée, arrêtons de faire peur aux gens ! » insiste ce dernier. « Les risques de contagion ne sont pas plus grand qu’il y a quatre mois et les cas de gale sont en chute libre », renchérit MSF, contacté par InfoMigrants.

Les associations rappellent cependant que la situation des migrants s’est aggravée ces derniers mois. « Le stress, l’humidité, l’insécurité, la faim, le rejet, l’attente… ont un impact très lourd sur leur état de santé », écrit MdM dans son communiqué.

>> À lire sur InfoMigrants : Belgique : la santé mentale des migrants aggravée par les conditions d’accueil

MSF, qui assure des permanences psychologiques dans le centre humanitaire de la gare du Nord, observe une augmentation des consultations pour le mois d’avril. « La tendance est à la hausse depuis plusieurs mois », signale à InfoMigrants Xavier Guillemin, psychologue de MSF.

Tous les acteurs associatifs qui aident les migrants de la capitale belge réclament depuis deux ans l’ouverture d’un centre d’accueil et d’orientation (CAO), comme avait mis en place la France lors du démantèlement de la « jungle » de Calais. « Tout le monde le demande : les syndicats de police, ceux des transports et les élus Bruxellois. Mais le gouvernement reste inactif et créé la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui », conclut Mehdi Kassou.

Source : Info Migrants

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