Algérie : l’armée pousse vers la sortie Bouteflika

La contestation populaire depuis un mois franchit un nouveau cap. Le chef de l’armée algérienne demande la destitution du président algérien pour des raisons de santé. Un véritable tournant dans la crise politique considérée par les observateurs comme un deuxième scénario de l’armée pour continuer de contrôler le processus démocratique après le renoncement de Bouteflika au cinquième mandat. Et éventuellement pour choisir son successeur.

Le vent du « dégagisme » n’a pas fini de souffler sur le palais d’Alger. Son locataire vient d’être poussé vers la sortie par son fidèle le général Salah, le premier à le pousser pour le cinquième mandat. Et maintenant c’est ce proche allié qui demande sa destitution pour des raisons de santé en s’appuyant sur l’article 102 de la constitution comme si les algériens ignoraient ce secret de polichinelle. L’armée se substitue ainsi au conseil constitutionnel pour le forcer à prendre une décision. Un geste que les observateurs qualifient de coup d’Etat en douceur pour continuer à contrôler le processus démocratique et éventuellement choisir le successeur de Bouteflika.

En franchissant un second pas après le renoncement au cinquième mandat par le président algérien, l’armée évite de justesse l’Etat d’urgence face à une contestation populaire d’une grande ampleur grâce aux réseaux sociaux qui viennent encore contribuer à la mobilisation de toutes les couches sociales. Ce scénario de 4 mois pour constater la vacance du pouvoir par le conseil constitutionnel en conclave en ce moment et 90 jours pour des élections, est encore une fois une recette du régime autoritaire pour gagner du temps. Les manifestants ne l’entendent de cette oreille. Ils veulent la fin du vieux système, une alternative issue de la société civile c’est-à-dire l’émergence des forces vives de la jeunesse algérienne. Malgré ce forcing de l’armée les algériens veulent aller jusqu’au bout de leurs contestations avec en toile de fond le rétablissement de la démocratie et d’un Etat de droit et surtout la transparence des prochaines élections. La défiance des mairies et des grandes sociétés nationales s’inscrit dans cette démarche. Bouteflika n’est pas lâchée par l’armée c’est l’armée qui reprend le pouvoir. Au profit de qui ?

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 27 mars 2019)

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