Avril prochain marque la déportation de plus de 60000 noirs au Sénégal et au Mali suite aux évènements de 89 entre le Sénégal et la Mauritanie. C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays depuis 1960. Après 30 ans d’exactions contre la communauté noire la diaspora interpelle les autorités de Nouakchott et tous les candidats présidentiels sur le processus de la réconciliation nationale.
30 ans déjà. C’est difficile pour les mauritaniens de la diaspora d’oublier. Parmi eux des cadres étudiants ou agents de l’administration ou simples citoyens contraints de quitter leur pays pour demander l’asile politique en France ou d’autres qui venaient du Sénégal ou le Mali issus des camps des 60000 réfugiés déportés en avril 89. Des exactions ont été commises contre les paisibles villageois de la Vallée. Parmi eux une centaine au moins sont enterrés dans des fosses communes à Sorimalé. Ironie de l’histoire le principal responsable de ces atrocités l’ancien président Ould Taya est depuis 2005 exilé au Qatar. Des poursuites judiciaires internationales sont entre les mains des tribunaux belges et français pour le traduire devant un tribunal.
Aujourd’hui 20000 réfugiés du Sénégal sont rentrés officiellement depuis 2008. Certains fonctionnaires ont réintégré leur corps d’origine. Les propriétaires terriens ont tout perdu. Et beaucoup d’écoliers n’ont pas retrouvé le chemin de l’école faute d’état-civil à cause de l’enrôlement discriminatoire initié par Ould Aziz en 2009. C’est dans ce contexte de règlement inachevé du passif humanitaire que la diaspora va commémorer le 30ème anniversaire des déportations. L’occasion d’interpeller les autorités de Nouakchott à rouvrir le dossier de rapatriement des 10000 réfugiés au Sénégal et 15 000 au Mali et les candidats présidentiels en juin prochain sur le processus de réconciliation nationale sur la base de la vérité, de la justice et de la réparation. Aucune de ces trois dimensions est interchangeable pour la cohésion sociale.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 26 mars 2019)
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