L’émotion est intense au Mali après le massacre d’au moins 134 personnes, dont des femmes et des enfants, dans un village peul, dans le centre du pays. Le gouvernement a décidé de limoger plusieurs haut-gradés de l’armée et de dissoudre la milice dogon Dan na Amassagou, accusée d’avoir mené cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de la crise au Mali, en 2012.
« Après Koulogo, Dioura, maintenant plus 130 personnes tuées à Ogossagou dans le cercle de Bankass : c’est l’échec patent du plan de sécurisation intégré des régions du centre ! », s’exclame Le Pays à Bamako. « Les autorités doivent changer leur fusil d’épaule en termes de sécurisation des personnes et des biens, poursuit le quotidien malien. (…) Il est déplorable que de véritables enquêtes ne soient pas menées et quand bien même elles sont menées, les véritables coupables sont rarement inquiétés. »
L’Aube dénonce également ce qu’elle appelle l’inaction du pouvoir de Bamako : « face au drame d’Ogossagou et surtout face aux graves menaces d’une guerre civile qui pourrait avoir des conséquences incalculables sur le Mali, des voix s’élèvent pour condamner la passivité des autorités maliennes. Le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta affiche son incapacité à protéger les populations du Centre en proie à un véritable pogrom. »
Dissolution et limogeages
La milice dogon Dan na Amassagou est donc montrée du doigt : elle a été dissoute par les autorités. « Cette milice dirigée par Youssouf Toloba avait annoncé le 20 mars dernier, rappelle Maliweb, la reprise de ses activités suite à des ‘exactions commises contre les populations Dogon’ dans le centre du Mali. »
Toutefois, l’un des porte-parole de cette milice, cité par plusieurs médias maliens, dément formellement : « nous n’avons rien à voir avec ce massacre que nous condamnons. Nous ne sommes pas impliqués là-dedans ni de près, ni de loin. Nos villages sont aussi attaqués, brûlés et des gens tués, c’est pour cela que nous avons repris les patrouilles. Ce qui est arrivé est terrible mais nous ne sommes pas responsables de ces massacres. »
Autre mesure radicale prise par les autorités maliennes : les principaux chefs militaires ont été limogés… « La hiérarchie militaire décapitée », s’exclame L’Indicateur du Renouveau. Notamment, « le chef d’état-major des armées, Bemba Moussa Keïta, a été remplacé par le général de division Abdoulaye Coulibaly, son adjoint. »
« Plus que des oukases »
Dans la presse de la sous-région, c’est la consternation et on s’interroge…
Pour Ledjely en Guinée, « ces mesures seront-elles suffisantes pour calmer le flot de condamnation et sécher les larmes des victimes ? Surtout, pourront-elles mettre un terme à ces affrontements intercommunautaires qui, se synchronisant au péril terroriste, inondent toute la région ? De toute évidence, il faudra faire mieux, estime le site guinéen. Il faudra notamment soigner le mal à la racine. Ce qui suppose que le Mali et ses partenaires, dont la France, prennent des décisions plus hardies. Parce que ce à quoi on assiste est le fruit d’une irresponsabilité aussi bien des autorités maliennes que de la communauté internationale. »
Aujourd’hui au Burkina renchérit : « face à un vide sécuritaire, à des incursions sporadiques djihadistes, et à des communautés dont le vivre-ensemble est inversement proportionnel à des haines recuites, il faudra plus que des oukases de dissolution pour arrêter les massacres. »
« Il n’est pas sûr, complète L’Observateur Paalga, que les dernières décisions du gouvernement malien soient la solution à ces graves problèmes. En effet, c’est connu, au Mali, la communauté peule est indexée, à tort ou à raison, d’avoir des relations coupables avec les terroristes surtout par le biais du Front de libération du Macina d’Amadou Koufa. Mais, à l’évidence, pointe le quotidien ouagalais, tous les Peuls ne sont pas des terroristes et il faut dénoncer les amalgames qui conduisent à faire souffrir le martyre de la victime expiatoire des péchés commis par quelques brebis galeuses à toute une communauté. »
Source : RFI
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