Ces attaques sont le « résultat de la prolifération du discours islamophobe dans plusieurs pays, y compris dans ceux qui sont réputés pour la coexistence de leur population », estime le grand imam d’Al-Azhar.
L’attaque sanglante, qualifiée par la Premier ministre néo-zélandaise de « terroriste », perpétrée vendredi par un « extrémiste de droite » équipé d’armes semi-automatiques dans deux mosquées de la localité néo-zélandaise de Christchurch, tuant 49 fidèles et blessant des dizaines d’autres, a suscité un raz de marée de réactions à travers le monde, de Washington à Islamabad.
A travers le monde musulman, nombreux sont ceux à dénoncer, à l’instar du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, « les responsables politiques irresponsables qui attisent la haine contre les musulmans ». « Cette attaque n’a pas seulement été causée par ses auteurs directs, mais aussi par des politiciens irresponsables qui incitent à la haine contre les musulmans et propagent la xénophobie. Il y a des leçons que chacun doit tirer de cette attaque, notamment au sein de l’Union européenne, parmi les membres de l’UE », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse avec la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à Bruxelles.
« Dans différentes parties du monde, le discours haineux gagne du terrain », a commenté, pour sa part, Mme Mogherini. « Nous avons le devoir commun de protéger et de promouvoir la diversité dans nos sociétés et de veiller à ce qu’aucun discours haineux ne soit toléré quelles qu’en soient les circonstances et quelle qu’en soit la cible », a-t-elle plaidé.
« Cet attentat montre quel degré a atteint l’hostilité envers l’islam et les musulmans. Nous avons vu à plusieurs reprises le discours islamophobe tourner à l’idéologie perverse et meurtrière. Le monde doit se dresser contre ce discours et dire qu’il faut mettre fin au terrorisme islamophobe », a renchéri le porte-parole du président turc Recep Tayyep Erdogan.
Imran Khan, Premier ministre pakistanais a, pour sa part, imputé « ces attentats terroristes de plus en plus nombreux à l’islamophobie post-11-septembre. 1,3 milliard de musulmans ont été collectivement accusés de cet acte terroriste ».
L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam, a condamné « avec force la tuerie dans les deux mosquées » de Christchurch, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Riyad a confirmé qu’un ressortissant saoudien avait été légèrement blessé lors des attaques. Abou Dhabi a condamné le « meurtre de personnes innocentes » et dit être « totalement solidaire avec la Nouvelle-Zélande, un Etat ami, pour combattre l’extrémisme et le terrorisme et sauvegarder la sécurité de ses citoyens et de tous ses résidents ». Bahreïn a, de son côté, présenté ses condoléances aux familles des victimes de l’attaque « contraire à tout principe religieux, et toute valeur morale et humaine ».
L’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani a, lui, condamné l’attaque et affirmé rejeter « le terrorisme, l’extrémisme, quel que soit le motif ou les raisons » dans un tweet.
En Iran, le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif a mis en cause « l’hypocrisie occidentale » après l’attaque e Nouvelle-Zélande. « L’hypocrisie occidentale qui défend la diabolisation des musulmans sous (le prétexte) de +la liberté d’expression+ DOIT s’arrêter », a réagi M. Zarif sur Twitter. « L’impunité dans les +démocraties+ occidentales pour promouvoir la bigoterie mène à cela », a-t-il ajouté.
Cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand imam de l’institution de l’islam sunnite Al-Azhar qui siège au Caire, a, lui aussi, souligné que ces attaques sont le « résultat de la prolifération du discours islamophobe dans plusieurs pays, y compris dans ceux qui sont réputés pour la coexistence de leur population ». Il a également appelé à combattre les groupes racistes.
Le pape François et le grand imam d’Al-Azhar s’étaient longuement donné l’accolade le 4 février à Abou Dhabi à l’occasion d’une visite historique du souverain pontife dans la péninsule arabique. Les chefs religieux catholique et musulman avaient signé un document sur la « fraternité humaine » condamnant ensemble terrorisme et guerres et appelant à la protection des lieux de culte et des « minorités » discriminées.
Le pape François « très attristé » par ces attaques, a pour sa part « assuré à tous les Néo-Zélandais, et en particulier à la communauté musulmane, sa solidarité sincère face à ces attaques », selon un télégramme signé par le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin.
« Quand les flammes de la haine sont attisées, quand les gens sont diabolisés à cause de leur foi, quand les peurs sont exprimées au lieu d’être réprimées, les conséquences sont fatales, comme nous l’avons vu si tristement aujourd’hui », a également dénoncé Sadiq Khan, premier maire musulman de Londres.
Le président Michel Aoun a, lui aussi, condamné les attaques et a envoyé un télégramme à la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, lui présentant ses condoléances pour les victimes, peut-on lire sur le compte Twitter de la présidence libanaise.
Aux Etats-unis, Donald Trump a condamné « l’horrible massacre dans des mosquées », dénonçant la mort « insensée » de 49 « innocents ». La Maison Blanche, par la voix de sa porte-parole Sarah Sanders, a également « fermement condamné » un « acte de haine brutal », et assuré sa « solidarité avec le peuple de Nouvelle-Zélande et leur gouvernement », dans un communiqué.
« La France se dresse contre toute forme d’extrémisme et agit avec ses partenaires contre le terrorisme dans le monde », a assuré le président français Emmanuel Macron, alors que la chancelière allemande, Angela Merkel, a exprimé la solidarité de son pays « face de tels actes de terrorisme. » « Je suis profondément attristée par les événements épouvantables qui se sont déroulés aujourd’hui à Christchurch. Le prince Philip et moi-même adressons nos condoléances aux familles et aux amis de ceux qui ont perdu la vie », a déclaré, pour sa part, Elizabeth II.
La Première ministre norvégienne Erna Solberg a, quant à elle, appelé à lutter contre « toutes les formes d’extrémisme », après cette attaque qui rappelle selon elle les attentats perpétrés en 2011 par l’extrémiste de droite norvégien Anders Behring Breivik.
OLJ/Agences
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Source : L’Orient Le Jour (Liban)
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