Sénégal : les grands défis du quinquennat de Macky Sall

es présidentielles 2019 ont consacré la réélection dès le premier tour du président sénégalais. Ce deuxième mandat de Macky Sall ne laisse pas indifférent les observateurs qui se penchent avant la formation du premier gouvernement post- électoral  sur les grands dossiers politiques et économiques qui font figure de nouveaux défis au chef de l’Etat. Parmi les plus cités, l’amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall, le dialogue politique avec l’opposition, la paix en Casamance, l’éducation et enfin les hydrocarbures, l’agriculture et la pêche.

L’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et Karim Wade recalés par le conseil constitutionnel ont focalisé l’attention des sénégalais tout au long des dernières présidentielles qui ont consacré la réélection du président sénégalais. Cette victoire dès le premier tour marque un tournant dans la gouvernance de Macky Sall qui va présider encore pendant 5 ans la destinée du peuple sénégalais. Une législature qui ne sera pas facile mais décisive pour décrisper la situation politique marquée par des tensions qui risquent de continuer à empoisonner les relations entre le pouvoir et l’opposition. Il s’agira pour le président réélu d’apporter des solutions dans le cadre d’une réconciliation nationale. Un lourd dossier de justice qui pourrait se repencher sur le détenu Khalifa Sall mêlé dans une affaire de détournement de deniers publics et l’exilé Karim Wade accusé d’enrichissement illicite. C’est l’un des dossiers difficiles à résoudre par l’amnistie qui attend le chef de l’Etat sénégalais. Lequel devra faire mieux pour l’indépendance des pouvoirs.

Une exigence démocratique qui nécessitera un dialogue avec l’opposition qu’il a appelé de tous ses vœux au lendemain de la confirmation des résultats par les « sages » sénégalais. La traduction dans les faits permettra aux uns et aux autres d’enterrer la hache de guerre pour se consacrer aux véritables préoccupations du peuple sénégalais. Parmi celles-ci la paix en Casamance. Un dossier sur lequel Macky n’a toujours pas de solutions malgré ses promesses durant son premier septennat. Et son score au scrutin du 24 février en dit long quant au choix des électeurs qui ont plébiscité le fils du pays le patriote Sonko. Toutes les tentatives depuis Senghor en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont échoué. Un dossier qui nécessite une véritable volonté politique de dialogue avec les indépendantistes. Durant son premier mandat Macky a consacré du temps et de l’argent au fameux plan Emergent Sénégal ou PSE. Des sommes colossales ont été consacrées à l’émergence d’une ville nouvelle Diamniadio et son nouvel aéroport Blaise Diagne sans compter un TER qui a coûté aux contribuables plus de 600 milliards de FCFA et des autoroutes comme Ila Touba plus 400 milliards de FCFA et une arène nationale plus de 30 milliards de FCFA.

Ces infrastructures importantes pour le pays ont éclipsé la crise de l’école sénégalaise en panne du primaire à l’université depuis au moins une décennie. Des grèves récurrentes des enseignants et des élèves, la baisse de niveau et l’émergence d’une école privée plus attractive ont ponctué le septennat de Macky. Les besoins en formation sont énormes. Plus de 70 pour cent de la population sont des jeunes. Le quinquennat devra aller dans le sens de rectifier le tir. Le régime de Macky Sall est loin d’être à bout de souffle. Et c’est dans les trois secteurs pétrole gaz et pêche qu’il pourra trouver satisfaction. Des secteurs qui pourraient changer la vie des sénégalais. Les premiers barils de l’or noir commercialisables et de bouteilles de gaz sont attendus à partir de 2021 au plus tard en 2023 en plein mandat. De l’oxygène pour le trésor public qui débloque chaque année 450 à 530 milliards de FCFA et un espoir pour relever le pouvoir d’achat. Au niveau de la pêche il faudra compter avec la Mauritanie. Un lourd contentieux de licences qui continue d’affecter les pêcheurs de la langue de barbarie victimes de temps à autre des tirs des garde-côtes mauritaniens.

Dans la perspective d’un changement de locataire du palais de Nouakchott c’est un dossier qui ouvre de bonnes perspectives avec le voisin mauritanien. Enfin la lutte contre la pauvreté est sans aucun doute l’un des défis majeurs du PSE. Au cœur de cette vision l’autosuffisance alimentaire en riz qui constitue l’aliment de base du sénégalais et la production arachidière en pleine mutation de transformation industrielle. Leur impact permettra de réduire les importations qui grèvent beaucoup sur la balance commerciale du pays. La filière viande-bétail bénéficie une grande attention du PSE. Le grand défi restera la connexion de l’agriculture et de l’élevage aux industries modernes pour que les sénégalais consomment et produisent sénégalais pour les prochaines années. Ce qui permettra au gouvernement de ne plus dépendre du cheptel mauritanien ou malien surtout pendant les périodes de fêtes musulmanes.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 13 mars 2019)

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