La carte de l’opposant mauritanien Bouamatou exilé en France est maintenant sur la table des diplomates occidentaux à Nouakchott. Il s’agit d’une démarche diplomatique de l’opposition démocratique pour saisir le président Ould Aziz afin qu’il lève les poursuites engagés contre lui.
Pour les observateurs qui sont surpris de cette nouvelle pièce du puzzle des candidats de l’opposition, cette requête est irréaliste vu le lourd contentieux politique et juridique entre le richissime Bouamatou et son cousin et président Ould Aziz dont il avait pourtant financé la campagne en 2009. C’est le pire scénario que le comité chargé du choix du candidat pouvait imaginer. Ecarter des personnalités de l’UFP et de Tawassoul pour un réfugié politique en France sous le coup d’un mandat d’arrêt international c’est faire preuve de cécité politique dans un contexte de régime autoritaire où la seule alternance est l’armée.
Même les nouveaux signaux ne sont pas favorables à un coup d’Etat. Ould Aziz vient d’opérer un changement stratégique de protection de la garde présidentielle sur fond d’une nouvelle appellation groupement de sécurité présidentielle avec à sa tête un officier supérieur de confiance, réputé l’un des meilleurs de sa génération. L’opposition semble avoir le tournis au point de marcher sur des œufs. Demander une telle faveur à Ould Aziz revient à remettre en cause tout ce qu’il avait bâti pour ces deux quinquennats un régime taillé à sa juste mesure et qu’il vient de reconduire probablement pour une troisième législature en juin prochain. Un harakiri auquel il ne se livrera pas même si la diplomatie s’en mêle. Ce serait un miracle politique si cette démarche de l’opposition aboutissait.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 21 février 2019)
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