Après avoir décrété le 9 janvier 2019 journée pour l’unité nationale suite à la marche contre la haine et les extrémismes le président mauritanien vient de débaptiser la grande avenue de la capitale Gamal Abdel Nasser en la nommant avenue de l’unité nationale. Acte 2 de la politisation des appels haineux sur les réseaux sociaux qui s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de réécriture de l’histoire mauritanienne comme en témoigne le changement des symboles nationaux, le drapeau et l’hymne du pays.
Pour la génération des mauritaniens d’avant et un peu après les indépendances africaines, l’avenue Gamal Abdel Nasser de la capitale symbolise un grand leader africain un nationaliste arabe, le défenseur des opprimés qui a nationalisé le canal de Suez pour se débarrasser des chaînes des britanniques et des français pour que le peuple égyptien soit libre.
Désormais la future génération aura du mal à se souvenir que Nasser est le premier dirigeant égyptien issu du peuple. Et les mauritaniens d’aujourd’hui éprouvent autant de difficultés à se pavaner dans cette nouvelle artère de la capitale baptisée « Avenue de l’unité nationale ». Une expression qui ne veut rien dire dans un pays où plus de la moitié de la population sont des exclues de la République c’est-à-dire des citoyens de seconde zone cantonnés dans les quartiers les plus pauvres de Nouakchott.
Cette décision de débaptiser cette rue pour les observateurs s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de réécriture de l’histoire. Le changement récent des symboles nationaux va dans ce sens. Un drapeau national qui traduit seulement l’histoire monocolore du pays et un nouvel hymne totalement remanié et faisant abstraction à l’histoire des composantes Hraratines et afro-mauritaniennes. Après avoir décrété le 9 janvier journée de l’unité nationale Ould Aziz poursuit ainsi sa croisade nationaliste à quelques mois seulement avant de passer le fauteuil présidentiel à son successeur.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 26 janvier 2019)
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