Deux Français, d’origines tunisienne et algérienne, pour une mosquée « inclusive » à Paris

Leur projet a provoqué un déferlement de réactions en France et ailleurs.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle proposition d’une mosquée inclusive provoque un déferlement de réactions, mais cette fois-ci cela se passe en France. L’initiative émane de l’islamologue, Kahina Bahloul, une Franco-Algérienne de 39 ans, née Paris et ayant vécu en Kabylie et Faker Korchane, 40 ans, professeur de philosophie Franco-Tunisien et fondateur de l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite (ARIM).

À travers leur proposition d’une mosquée où des hommes et des femmes assurent l’imamat de manière alternative, ils revendiquent un islam progressiste et humaniste qui déroge de l’islam salafiste dominant en France, raconte Kahina Bahloul, au magazine français, Le Point. 

Cette vision de l’islam transmise par son père, elle la véhicule à son tour à un large public via sa chaîne Youtube “Parle-moi de l’islam”. Elle y dispense des conférences autour de plusieurs thématiques comme la place de la femme dans l’islam, le rapport de l’islam à d’autres religions, etc.

 

Leur projet de mosquée sous le nom de “Fatima” se veut un lieu où les croyants pratiquent un islam réformateur: “Notre mosquée proposera une approche historico-critique des enseignements du Prophète. Ce qui ne veut pas dire que nous rejetons cet héritage, mais que nous souhaitons au contraire l’envisager de manière contemporaine”, explique Faker Korchane au Point. Pour lui, Islam et modernité sont compatibles.

Un islam soufi

 

Bien que le projet demeure exceptionnel, il se base sur une lecture de l’islam bien ancienne, portée jadis par les mutazilites et les soufis. Marginalisés en terre d’islam, ces courants restent minoritaires par rapport à l’orthodoxie islamique dominante.

C’est sur ces courants de l’islam que Kahina Bahloul et Faker Korchane fondent leur projet de mosquée inclusive.

Kahina Bahloul a découvert cet islam mystique en lisant le poète et romancier d’origine syrienne Khaled Roumo, qui revendique un islam tolérant. Bouleversée par le décès de son père, la jeune femme s’est tournée vers la spiritualité et s’est consacrée à des études d’islamologie après une longue carrière dans les assurances.

Elle s’est engagée après dans le dialogue inter-religieux et à transmettre les préceptes de l’islam soufi à travers son association “La Maison de la paix” à Paris. Son association ferme faute de financement mais la jeune femme poursuit son projet. À l’image d’Amina Wadud, professeure d’études islamiques de l’université du Commonwealth de Virginie et imam depuis 2005 ou encore l’iman danoise, Sherin Khankan, de Jasmina El-Sonbati et de bien d’autres, elle aspire à encourager des femmes à devenir imams en France.

 “En dehors de France, les femmes s’emparent de la question de la transmission de la tradition, dirigent la prière et cela ne pose aucun problème”, souligne-t-elle.

Pour y parvenir, “il faut juste déconstruire près d’un millénaire de discours sexiste, car même si les textes ne l’interdisent pas, les croyants restent parfois heurtés par l’idée qu’une femme soit en chaire”, avance Faker Korchane.

 

 

Source : HuffPost Tunisie (Le 10 janvier 2019)

 

 

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