L’instrumentalisation des appels à la haine sur les réseaux sociaux par le pouvoir est au centre de l’actualité cette semaine à Nouakchott avec en toile de fond la marche pour l’unité nationale et la cohésion sociale le 9 janvier prochain sous l’égide du président mauritanien. Une première dans l’histoire d’un chef d’Etat en exercice qui prétend régler la cohabitation par une manifestation.
Pour les observateurs cette manigance politique de Ould Aziz vise à déjouer toutes les initiatives de l’opposition en particulier celle relative à l’organisation d’un débat national pour la réconciliation nationale. Ce n’est pas la première fois que des discours haineux et incitatifs à la discorde nationale circulent sur les réseaux sociaux. Ce sont ces mêmes personnes qui avaient tenté de reproduire les évènements 89 entre le Sénégal et la Mauritanie en 2017. Et ce n’est pas surprenant que les auteurs de ces appels récidivent en 2018 dans un contexte électoral décisif pour le changement en Mauritanie.
Par contre c’est la première fois dans l’histoire politique du pays qu’un chef d’Etat en exercice initie une marche pour l’unité nationale alors que le seul combat qu’il mène c’est de gagner du temps et de s’enfermer dans un Etat de droit qu’il bafoue lui-même ne respectant pas les institutions, la citoyenneté et les libertés. Et c’est ce président en fin de deuxième et dernier mandat qui veut donner des leçons aux démocrates. Autocrate depuis 2008 Ould Aziz a tourné le dos à la cohabitation. Et la marche du 9 janvier prochain s’annonce comme une imposture. Ce n’est pas un devoir national dans un pays où plus de la moitié de la population sont des exclues de la République. La Mauritanie ne sortira pas de cette situation sans des états généraux sur la question nationale.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 04 janvier 2019)
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