
La reconstruction du parti au pouvoir l’UPR, l’ instrumentalisation de la justice à des fins politiques, irrégularités et fraudes des élections législatives municipales et régionales, un nouveau gouvernement de transition très critiqué par l’opposition… Retour sur l’année 2018 charnière des présidentielles de 2019.
2018 restera pour les observateurs comme l’année de tous les dangers dans tous les domaines dans un pays gouverné depuis 2009 par un régime autoritaire. C’est l’année également électorale. Les réformes constitutionnelles initiées en 2016 et 2017 sont entrées dans leur phase décisive avec d’abord la suppression du Sénat un chantier qui tenait à cœur le président mauritanien dont l’agenda caché est d’organiser à la hâte des législatives municipales et régionales dans le seul but d’avoir une majorité absolue pour poursuivre les réformes engagées. C’est la dernière législature au cours de laquelle le président Ould Aziz a reconstruit l’UPR pour la bataille électorale. Les mauritaniens sont nombreux à regarder l’année 2018 comme une année de convulsions politiques qui ont failli basculer le pays dans le chaos.
En effet 2018 c’est d’abord la mobilisation au sommet pour un renouvellement des instances de base du parti au pouvoir à travers une implantation à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Une phase marquée par des fraudes de cartes d’identité dont les principaux responsables des hommes d’affaire pour soutenir le président du parti. Résultats des courses plus d’un million d’adhérents. L’opposition crie au scandale et se retrouve devant un fait accompli comme toutes les réformes constitutionnelles. Les jeux sont faits et il ne restera plus qu’au chef de l’Etat devenu chef de parti de faire campagne pour les élections de septembre. Une campagne qui commence sur les chapeaux de roue avec en toile de fond l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. C’est l’opposition démocratique qui est visée avec des règlements de compte aux patrons de la presse indépendante et leaders syndicaux dans le cadre de l’affaire Bamouatou le milliardaire mauritanien exilé au Maroc puis en France accusé de corruption et de parrain de l’opposition.
Dans cette phase de dénigrement c’est surtout le président de l’IRA l’ennemi numéro un du régime qui va payer les pots cassés à cause de son alliance avec un parti d’obédience Baathiste SAWAB pour participer aux élections. Mêlé dans une affaire de diffamation montée de toute pièce par un journaliste proche de Ould Aziz le leader Hratin bien qu’élu député est toujours entre les mains de la justice et risque d’être absent au grand rendez-vous avec le peuple mauritanien en avril 2019.Dans cette lancée le parti islamiste Tawassoul et deux partis négro –africains AJD-MR et FPC sont taxés respectivement extrémistes et racistes et accusés par Ould Aziz de saper l’unité nationale et la cohésion sociale.
Une chasse aux sorciers qui aura contribué à anesthésier l’opinion publique sur des élections non consensuelles non transparentes et non inclusives. 105 partis au total ont participé à cette triple consultation populaire entachée d’irrégularités et de fraudes dénoncées par l’opposition.
Au final c’est l’UPR qui sort grand vainqueur avec 89 députés sur les 157 que compte le parlement et raflé les 13 régions avec 111 sièges sur les 182 et les deux tiers des municipalités soit 942 sièges sur les 1020. Le parti islamiste TAWASSOUL consolide sa seconde place et sa première place au sein de l’opposition démocratique. Cette suprématie de l’UPR sur le paysage politique conduit Ould Aziz à former un nouveau gouvernement dont le premier ministre est issu du sérail, l’ancien patron de la SNIM. Cette nomination est très critiquée par l’opposition qui considère que les postes clés du pays obéissent à un certain clientélisme politique. 2018 c’est enfin une année charnière des présidentielles très attendues des mauritaniens pour une alternance démocratique.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 24 décembre 2018)
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