Le conseiller Afrique d’Angela Merkel, « néocolonialiste »?

Le conseiller Günter Nooke critiqué pour ses propos. Le « Monsieur Afrique » du gouvernement suggère que la communauté internationale gère des villes nouvelles en Afrique pour endiguer l’émigration.

 

Revoilà donc Günter Nooke sur le devant de la scène médiatique avec son idée de construire des villes nouvelles en Afrique qui seraient administrées par des institutions ou structures internationales (ONU, Banque mondiale, Union européenne).

L’idée est de promouvoir les investissements et la croissance en Afrique, en contournant la mauvaise gestion des pouvoirs en place.

Et ce en vue d’éviter les plateformes de débarquement ou les camps d’enregistrement pour réfugiés.

Stadt Kigali Ruanda (DW/E. Topona)

 

Une idée qui mérite réflexion mais qui risque d’être difficile à mettre en place, d’après Tamekamta Zozime Alphonse. Ce chercheur à l’Institut Think Africa au Cameroun estime que cela « pourrait être une alternative (aux plateformes de débarquement, ndlr) mais cela exigerait beaucoup de moyens financiers. Ça m’étonnerait aussi que les dirigeants africains puissent accepter qu’on instaure sur leur territoire des zones d’extraterritorialité sous contrôle de la communauté internationale. »

Néocolonialisme

En revanche, Ali Sangaré, le secrétaire général du Conseil fédéral de la communauté africaine d’Allemagne laisse éclater sa colère. Il rappelle qu’une ville, « ça ne se crée pas comme ça, ça se crée autour d’une culture ou d’une histoire déterminée. Vous ne pouvez pas dire qu’on va créer des villes et dire aux gens : Vous allez habiter là et c’est le colon blanc qui va venir et régir tout ça. Moi je pense que cette pensée de Monsieur Nooke n’est rien d’autre que du néocolonialisme. »

Eritrea Straßenszene in Asmara (Reuters/T. Mukoya)

 

 

Les effets des politiques occidentales 

 

Pour Aliou Sangaré, les politiques européennes de développement devraient plutôt essayer, par des investissements massifs, de réparer le délitement des services publics, conséquence directe selon lui des plans d’ajustement structurel imposés dans les années 1980 aux Etats africains par le FMI et la Banque mondiale.

Ce n’est pas la première fois que Günter Nooke tient des propos controversés. En octobre, il avait estimé que la colonisation européenne avait permis à l’Afrique « de s’affranchir de ses structures archaïques » ou encore « la guerre froide a fait plus de mal à l’Afrique que la période coloniale ».

Demande de démission

Suite aux déclarations de Günter Nooke sur la colonisation, les écologistes allemands avaient écrit à Angela Merkel pour réclamer le renvoi de son conseiller Afrique, dont ils dénonçaient les propos « racistes ». Les universitaires africanistes de Cologne ont aussi écrit une lettre ouverte à la chancelière en ce sens.

Jusqu’à présent, Günter Nooke conserve le soutien de la chancelière, même si beaucoup estiment que son influence réelle est réduite et que ses avis sont loin de dicter la politique du gouvernement.

Source : DW (Allemagne)

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