Au nom des larmes de l’orphelin

Monsieur le président. Peut-être que c’est la dernière fois que je vous écrits sur ce sujet ; pas parce que vous partez ou que je suis las de vous en parler, mais parce que nous sommes tous  deux,  à un âge, ou avancer avec les négligences du droit des autres, devient un lourd, très lourd fardeau. Cette fois ci j’ai décidé d’emprunter quelques larmes d’orphelins et quelques tragédies de veuves pour essayer de toucher le côté humain religieux et juste de votre décision.

Et ce n’est pas qu’une théorie, je vais vous donner ma proposition.

Je suis plutôt désespéré, déprimé  et consterné de ne servir qu’à donner à tout celui qui se fait du malheur des  gens un phare pour éclairer le complexe de sa crieuse personne une occasion de se raffermir.

C’est pourquoi je m’éloignerai désormais de beaucoup de choses et je sais parfaitement que chacun aura son salaire, doux ou amer.

Je vous demande au nom de Dieu, de la Mauritanie et du Mauritanien de régler ce problème avant votre départ. Nous ne vous l’oublierons jamais monsieur le président.

Il n’est plus un secret pour personne qu’en 1989 et 90 de graves catastrophes ce sont déroulées sur notre territoire et celui du Sénégal.

Nous ne nous intéresserons qu’à ce qui s’est passé chez nous. Chez les autres concerne les autres et nous ne sommes pas tenus d’y appliquer la justice.

Des hommes, des femmes, des jeunes, ont été violement arrachés à la vie par les leurs.

Les orphelins de cette période macabre ont grandi, les veuves, si elles ne sont pas mortes continuent à soupeser leurs lourdes peines et à régurgiter la déception de ces graves malheurs, qui leur ont été infligés, par ceux qui devaient les défendre.

Je ne vous accepte pas, d’accepter de voir des mauritaniennes dans cette état et de ne rien faire pour les en sortir.

Ces orphelins, monsieur le président, c’est à nous d’effacer leur larmes et de les aider à la réinsertion dans leur société, qui, il faut le dire est en grande partie responsables de leurs malheurs et de la confusion dans laquelle ils ont grandi.

Cette responsabilité est à la mesure du poste que Dieu vous a donné pour appliquer la justice et pour œuvrer à la maintenance du ciment social.

Je sais qu’il y a deux ou trois jours tout le pays a été mobilisé pour le ballon.

De grands gestes ont été faits à  cette occasion.

Je vous demande monsieur le président de faire un effort de plus et de guider cette nation vers un but plus noble que celui contre le Botswana : le rétablissement dans leurs droits et dans leur dignité de ces rescapés de l’apocalypse.

Comment ?

J’ai entendu parler d’une amnistie, de dommage et de compensation pour les victimes, chantés par les uns niés et réfutés par les autres.

Ceci a été fait, sans notre témoignage et sans celui de la communauté nationale et internationale, qui prête une oreille plus qu’attentive au problème.

Ce qui s’est passé n’intéresse que ceux qui y ont assisté.

Nous savons que ce qui intéresse, n’est pas plus le règlement du passif humanitaire, qu’une polémique, qui se repend sur le temps et sur l’espace sans soucis de résultats, devenus bien facultatifs malheureusement.

Ce qui est urgent aujourd’hui, c’est de rassembler tous les efforts de la nation pour soigner cette plaie qui commence à devenir purulente et exhale du pays une très mauvaise odeur.

Il faut d’abord un débat télévisé sur toutes les chaines pour écouter tout le monde. Il faut que tout le monde exhume ce qui alourdit sa poitrine.

Et que tout le monde, tout le globe terrestre écoute.

Par tous les moyens audio-visuels ou autres. Que des medias internationaux soient invités.

Ce sera suivi par d’éventuelles excuses officielles de l’état.

Ensuite, sachant que le gouvernement a ses propres problèmes financiers, qu’une mobilisation nationale soit lancée pour collecter des fonds substantiels pour dédommager les sinistrés. Si chaque fonctionnaire donnait soixante mille ouguiyas, chaque homme d’affaire, un demi-million d’ouguiyas, chaque, chaque haut fonctionnaire cent mille ouguiyas, nous pourrons en moins d’un mois mettre tous ces frères en difficulté dans une situation financière honorable, qui atténuera la difficulté de leur condition et leur fera sentir que toute la nation compatit à leur peine.

Je suis sûr que trois millions de mauritaniens sont prêts pour ce sacrifice.

On ne peut leur faire oublier un être cher, perdu dans de telles conditions, mais on peut leur faire savoir que tout concitoyen partage leurs souffrances.

Une souffrance partagée est toujours moins pénible.

On pourra ainsi espérer que la Mauritanie pardonne à la Mauritanie.

Et qu’une convalescence sérieuse entre en gestation.

Essayez monsieur le président. La Mauritanie le mérite bien.

C’est une occasion pour tout celui qui souffre de cette situation douloureuse, tout celui qui voudra s’absoudre ici-bas d’un poids sur la conscience de contribuer à la mesure de la faute qu’il veut réparer.

Créer un comité pour cela. Qu’il soit transparent et géré par les orphelin et les veuves eux-mêmes et nous suivrons.

Quel beau cadeau vous feriez pour le peuple mauritanien, pour la Mauritanie pour son peuple et pour cette indépendance, aux drapeaux multi-interprétables.

Dans l’histoire et indépendamment de tout, vous serez identifié, monsieur le président par la définition du raccommodeur des ruptures de son peuple et par le qualificatif du fils de toute la patrie. Ne ratez pas cette occasion. Pour vous elle ne se répètera pas de sitôt.

Bonne fête pour tout fils de la patrie, pour lequel l’indépendance signifie quelque chose.

 

 

Mohamed Hanefi

Koweït

 

 

(Reçu à Kassataya le 25 novembre 2018)

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