Mauritanie : Le vice-président de l’UFP pointe l’identité nationale controversée

Après avoir remis dans son contexte historique le débat sur la cohabitation, le vice-président de l’UFP revient dans un second post sur les réseaux sociaux sur la question centrale de l’identité mauritanienne longtemps piétinée par tous les dirigeants du pays de 60 à nos jours. C’est le point le plus sensible au départ de la difficile naissance de l’Etat mauritanien.

En partant de la construction de cette jeune république en 1960 l’histoire retiendra que la Mauritanie était tiraillée entre le Maroc qui voulait une partie Nord et le Sénégal sensible à la revendication d’autonomie de la vallée du Sénégal par les négro-africains. Et puis la France, puissance colonisatrice qui tenait à préserver ses intérêts économiques et culturels. Ce contexte difficile de gestation entre le marteau et l’enclume a certainement beaucoup joué sur la gouvernance du premier président mauritanien l’un des tous premiers cadres maures un avocat averti qui mettra ses compétences au service de la nation. Il va s’appuyer sur le principe du consensus pour amorcer le processus de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Et incontestablement la position géopolitique du pays entre le monde arabe et africain va contribuer à choisir l’usage du français d’abord et ensuite l’arabe et le français comme langues de travail. Les langues nationales des composantes noires reléguées au second plan.

La première fissure apparaîtra dès lors que l’arabe est imposé dans le système éducatif. Mokhtar Ould Daddah va concrétiser ainsi sa vision d’une Mauritanie arabe délaissant ainsi sa composante africaine sous la pression des nationalistes arabes. Un maquillage de l’identité nationale dans l’école et progressivement dans l’administration. Pour les noirs c’est le début de l’exclusion et de la négation de leurs cultures comme en témoigneront plus tard les évènements de 66 ou la crise scolaire et le Manifeste des 19 cadres négro-africains qui dénonçaient cette injustice qui frappe les écoliers noirs. Cette genèse de la cohabitation est bien partagée par le vice-président de l’UFP qui ramène le débat sur la querelle entre l’arabe et le français tranchée finalement par le père de la nation qui n’hésitera pas à opter pour la repersonnalisation de l’homme mauritanien qui passe par l’arabisation avec une ignorance des langues nationales ( pulaar, sooninke et ouolof). Et cette volonté de domination ethnique se heurtera plus tard à la naissance d’un nouveau courant politique le Mouvement national démocratique (MND) qui va profondément modifier la donne politico-idéologique selon l’analyse du juriste Lô Gourmo.

 

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

 

(Reçu à Kassataya le 08 novembre 2018)

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