Mauritanie : l’UFP relance le débat sur la cohabitation

Après avoir pointé le régime raciste de Ould Aziz depuis 2009 le vice-président de l’UFP revient cette semaine sur la question nationale. Un vieux débat dont les origines remontent avant l’indépendance au congrès d’Aleg en 58 où se sont affrontés les nationalistes arabes et négro-africains. L’indépendance ne va régler la cohabitation entre les différentes composantes nationales jusqu’à maintenant avec Ould Aziz sur le point de passer le fauteuil présidentiel à un autre. Dans cette perspective le juriste Lô Gourmo fait une première lecture historique de la difficile cohabitation occultée depuis 1960 par les différents locataires du palais de Nouakchott.

 

Ce débat remis à l’ordre du jour par l’UFP à moins de 6 mois des présidentielles est salué par les observateurs comme étant enfin le réveil de l’opposition démocratique mauritanienne cantonnée jusqu’ici à la critique de la gouvernance et non le système dont les origines remontent avant l’indépendance. En ouvrant cet épineux problème mauritano-mauritanien le vice-président de l’UFP rejoint l’AJD-MR et les FPC, les deux partis négro-mauritaniens qui ont le plus combattu le régime raciste de tous les régimes de Moktar Ould Daddah le père de la nation à Ould Aziz le père du génocide biométrique. De mémoire c’est l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi  le seul jusqu’ici qui avait engagé la réconciliation nationale pour tenter d’apporter une solution à cette difficile cohabitation. Malheureusement ce processus a été interrompu par un coup d’Etat de Ould Aziz en 2008. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le passé pour se rendre compte que l’histoire de la cohabitation se confond avec l’histoire de la Mauritanie bien avant l’indépendance en 58 date du premier congrès d’Aleg où se sont affrontées deux tendances idéologiques. La première est défendue par des nationalistes arabes avec à sa tête Mokhtar Ould Daddah et la seconde par les négro-africains fédéralistes issus de la vallée du fleuve Sénégal qui prônait une gouvernance bicéphale.

Mais avec l’indépendance octroyée pacifiquement par la France en 1960 le premier président mauritanien s’est vite confronté au problème de la gouvernance en instaurant « une règle non écrite de « partage » du pouvoir suivant des quotas entre les arabes et les négro-africains à l’exclusion des Hratines socialement rejetés par tous » selon les propres termes du vice-président de l’UFP. Et dès le départ les dirigeants mauritaniens ont buté sur la question centrale de l’indépendance culturelle en choisissant l’arabe comme la langue officielle et le français en seconde langue et les langues nationales comme langues de divertissement. C’est la poursuite de cette politique d’arabisation qui va entraîner une crise de l’unité nationale et de la cohésion sociale de 60 à nos jours.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 07 novembre 2018)

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