Un père actif fait des bébés en meilleure santé

Une nouvelle étude indique que le métabolisme de l’enfant à naître peut être influencé par le niveau d’activité physique de son père, et ce, longtemps avant sa naissance.

 

On dit souvent que les femmes enceintes doivent surveiller leur comportement pour avoir un nouveau-né en bonne santé. Non seulement ces dernières doivent éviter la consommation d’alcool, de tabac et de certains types d’aliments, mais en plus, des études ont montré que des femmes obèses au moment de la grossesse avaient plus de risques de donner naissance à des enfants présentant certains problèmes de santé, tels que les maladies cardiaques ou le diabète.

Or, une nouvelle étude montre que les femmes ne sont pas les seules qui devraient surveiller leur comportement. Le père pourrait aussi avoir intérêt à surveiller son mode de vie, et ce, bien avant la conception.

Dans une étude faite en laboratoire, des chercheurs américains ont montré que des souris mâles ayant un mode de vie actif, avec beaucoup d’exercices, engendraient des souriceaux en meilleure santé que des souris paresseuses. Et ce, même si les bébés en question restaient relativement sédentaires et ne bougeaient pas beaucoup au cours de leur vie.

L’étude soulève des questions non seulement sur l’importance de la santé physique du côté paternel lors de la conception d’un enfant, mais aussi sur les mécanismes par lesquels le mode de vie d’un parent peut être transmis biologiquement à un enfant.

Tel père, tel enfant

 

Ce n’est pas la première fois que l’on montre que le mode de vie d’un être vivant peut avoir des conséquences directes sur l’état de santé de sa descendance. En 2016, des chercheurs avaient montré qu’une diète riche en gras altérait l’expression de certains gènes dans les spermatozoïdes du père, rendant sa progéniture plus prédisposée au diabète de type 2.

Sachant cela, les chercheurs ont voulu vérifier si l’effet inverse pouvait être observé, et si une vie active avant la conception pouvait avoir une influence sur la santé de la progéniture.

Les chercheurs ont donc séparé en deux un groupe de souris mâles, les unes menant une vie sédentaire sans possibilité d’exercice, et les autres, dans des cages avec des roues d’entraînement, qu’elles utilisaient pour courir en moyenne six kilomètres par jour.

Une souris blanche, sur une table, maintenue par la main gantée d'un scientifique.

Une souris de laboratoire  Photo : iStockphoto

Ces souris mâles ont été maintenues dans ces conditions pendant trois semaines, au cours desquelles elles étaient nourries avec une diète riche en gras.

Après avoir récolté des échantillons de spermatozoïdes, les chercheurs les ont laissées s’accoupler avec des femelles, elles aussi maintenues dans des conditions contrôlées.

Un an plus tard, les chercheurs ont confirmé que les souriceaux nés de pères actifs physiquement avaient un bien meilleur métabolisme que ceux nés de pères sédentaires.

Les traits observés comportaient une moins grande quantité de tissus graisseux, un plus petit poids corporel ainsi qu’une meilleure réponse des animaux à des changements dans leur taux de glucose sanguin ainsi qu’à l’insuline.

Ces observations laissent à penser que le métabolisme pourrait être influencé par le comportement du père et que l’exercice protégerait l’enfant à naître des effets négatifs d’une mauvaise alimentation.

Traces d’une autre vie

 

Pour comprendre comment l’exercice paternel pouvait protéger les souriceaux des effets néfastes de la diète riche en gras, les chercheurs ont analysé les échantillons de sperme provenant des deux groupes de souris.

La différence qu’ils y ont trouvée se cachait non pas dans l’ADN, mais dans une molécule similaire nommée ARN, un messager génétique qui joue un rôle dans la fabrication de tout ce qui compose une cellule.

Toutefois, même si les chercheurs ont décelé des différences dans la composition et le nombre des molécules d’ARN présentes dans les spermatozoïdes des pères ayant fait ou non de l’exercice, le mécanisme leur permettant d’influencer le métabolisme de leur progéniture pendant toute une vie demeure inconnu.

Bien que, pour les chercheurs, il soit trop tôt pour transposer ces résultats à l’humain, ils croient tout de même qu’il s’agit d’une preuve de plus en faveur de l’importance de l’activité physique pour la procréation, déjà connue pour jouer un rôle sur le taux de testostérone sanguin et sur la qualité des spermatozoïdes.

 

 Renaud Manuguerra-Gagné 

 

 

Source : Ici Radio Canada (Le 26 octobre 2018)

 

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