
Le procureur de la République de Reims a donné ce dimanche une conférence de presse sur l’affaire du bébé retrouvé mort, boulevard Charles-Arnoud. Les faits énoncés sont effarants : « Une dizaine de lésions autour du cou évoquant l’usage de fils électriques, une fracture du coude » ont été constatés sur le corps du bébé de 13 mois qui ne pesait que « 6,2 kg » et souffrait de « dénutrition, infecté du VIH et avait le scorbut »
Le père est né en Mauritanie se disant français. Il ne confirme pas les faits mais reconnaît ne pas s’en occuper, il accable sa compagne, une Ivoirienne.
Le procureur a ouvert une information judiciaire criminelle contre les deux parents pour meurtre sur mineur de 15 ans, privation de soins et d’aliments par ascendants sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort, violences habituelles sur mineurs de 15 ans depuis la naissance de l’enfant, non-dénonciation de mauvais traitements, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en péril. Le placement en détention provisoire a été demandé pour les deux parents.
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C’est une horreur : S., décédé vendredi à l’âge de 13 mois, aura été, durant sa courte vie, victime de violences et de malnutrition. Ses géniteurs auront aussi été ses bourreaux. Ils ont été mis en examen pour « homicide aggravé ».
C’était vendredi, peu avant 20 heures, dans un appartement du boulevard Charles-Arnould, dans le quartier Clairmarais, à Reims. Un couple appelle les secours pour leur fils, S., âgé de 13 mois, couché sur « une paillasse à même le sol », selon les mots du procureur de Reims, Matthieu Bourrette, hier, dans le cadre d’une conférence de presse plus éprouvante que la moyenne. Le décès de S., transporté aux urgences sans avoir pu être ranimé, était constaté dans la soirée. « Au regard de la gravité objective des faits », les parents de S., qui n’avaient « pas marqué d’affect particulier à l’annonce du décès de leur enfant », étaient placés en garde à vue.
«Des mauvais traitements extrêmement répétés, sans doute tout au long de sa courte vie»
Un examen complet du corps était réalisé par le chef de service des urgences pédiatriques du CHU. Sa lecture est une horreur. « Ce bébé, potentiellement atteint du VIH comme ses deux parents, avait été privé de soins et d’aliments depuis plusieurs mois », exposait le procureur. Une fracture du coude n’avait « pas ou peu (été) soignée ». S., pesé à 6,2 kilos, « n’avait pris que deux kilos depuis sa naissance ».
Ses côtes « extrêmement visibles » étaient, pour certaines, fracturées. Il souffrait d’un scorbut lié à une « importante carence nutritionnelle ». S. fut aussi la cible de violences multiples et répétées : hématomes « anciens » ou « très récents », lésions à la lèvre, à la joue, sous le menton, aux oreilles, au cuir chevelu, etc. « Une dizaine de lésions d’âges divers au niveau du cou, certaines laissant penser à l’usage d’un fil ou d’un câble électrique ».
Une « cinquantaine de lésions » étaient recensées sur le thorax et l’abdomen, « certaines évoquant là encore l’usage d’un fil électrique ». Au niveau des bras et des mains, « certaines lésions pourraient correspondre à des traces de brûlure ». Sur les jambes et les pieds de S., des traces de sévices étaient également accumulées. Enfin, un scanner permettait de relever la présence d’un hématome sous-dural cérébral et des pétéchies, caractéristiques des « bébés secoués ». Si une autopsie est prévue ce lundi pour préciser les causes de la mort, celles-ci, au regard de cet épouvantable tableau clinique, semble autant s’expliquer par la malnutrition, les lésions cérébrales et les mauvais traitements répétés, « sans doute tout au long de sa courte vie ». Dans l’appartement « insalubre » du couple, la police technique et scientifique relevait d’autres éléments accablants, notamment « de nombreuses traces de sang sur ce qui servait de lit au bébé ». En outre, des fils électriques ont réagi positivement au BlueStar, produit permettant de révéler des traces de sang. L’enquête, désormais menée par un juge d’instruction, devra déterminer comment de tels sévices ont pu passer sous les radars des services sociaux. Selon les premiers éléments, les consultations de suivi médical prévues en novembre et décembre 2017 n’avaient pas été honorées. Saisi lors de la perquisition, le carnet médical de S. mentionne une visite auprès de la protection maternelle et infantile (PMI) en date du 5 février 2018.
«un mélange de charbon et de karité» pour guérir un coude fracturé
Ce fut, semble-t-il, la dernière. Par ailleurs, un document, signé le 1er août par un médecin, mentionnait la fracture du coude de S. À la suite de cette visite, le couple, plutôt que d’aller consulter un spécialiste, aurait préféré prodiguer des massages avec un « mélange de charbon et de karité » qui, selon la mère, « avait guéri son fils ». Le procureur Bourrette a ouvert, hier, une information judiciaire contre les deux mis en cause, poursuivis pour « meurtre sur mineur de moins de 15 ans », « privation de soins et d’aliment par ascendant ayant entraîné la mort », « violences habituelles » depuis la naissance de l’enfant, « non-dénonciation de mauvais traitements », « non-dénonciation de crime » et « non assistance à personne en péril ». Placés en détention provisoire, ils encourent, à ce stade, la réclusion criminelle à perpétuité.
Source : L’Union (Reims) – Le 14 octobre 2018
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