Mauritanie : l’opposition condamnée à se remettre en cause après sa défaite

Au lendemain de la victoire écrasante de l’UPR aux élections législatives municipales et régionales des 1er et 15 septembre dernier, les observateurs s’interrogent sur l’avenir de l’opposition et du pays. Cette reconduction du régime autoritaire de Ould Aziz interpelle l’ensemble des forces patriotiques à faire une mutation forcée dès maintenant. Les présidentielles de 2019 s’y prêtent.

En effet, l’opposition dans sa diversité est appelée à tirer les leçons de sa défaite. En première ligne  le Forum national pour la démocratie et l’Unité( FNDU)qui regroupe près de 11 partis. Devenu depuis plus de 5 ans tête de locomotive de l’opposition démocratique le Forum brille par son absence de stratégie politique et de projet de société pour les mauritaniens. Une opposition qui a montré ses limites depuis les accords de Dakar de 2008 qui ont consacré la légalisation du putsch du général Ould Aziz avant son élection en 2009. Et depuis les opposants sont incapables de remettre en cause le statu quo politique en reléguant au second plan la réconciliation nationale condition sine qua non de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Cette absence de vision futuriste a confiné les deux principaux leaders de l’UFP et du RFD dans la course sempiternelle au pouvoir au lieu de combattre le racisme d’Etat érigé en système. Une faiblesse congénitale comblée par le parti afro-mauritanien d’avant-garde des libertés l’AJD-MR réconcilié maintenant avec les FPC ex-FLAM et le mouvement anti esclavagiste de l’IRA aujourd’hui en pleine mutation politique. Ce sont les trois forces politiques patriotiques qui se réclament de l’anti système et diabolisés par le pouvoir. Les autres partis de l’opposition démocratique et dialoguistes sont dans la même mouvance de lutte contre le régime dont la politique qui prévaut au sommet de l’Etat est anti constitutionnelle. C’est sur cette configuration que l’opposition a participé aux élections législatives municipales et régionales des 1er et 15 septembre dernier dans le cadre d’une forte alliance démocratique. Et d’autres alliances nouvelles SAWAB-IRA, APP- FAR sont nées et elles ont porté leurs fruits même s’il reste encore beaucoup de chemins à parcourir. Ce début de recomposition a impacté positivement sur le vote des citoyens qui a permis à la coalition d’être en ballotage favorable dans les plus importantes circonscriptions du pays en particulier celles de la capitale. En définitive cette défaite de l’opposition interroge les observateurs sur l’avenir du pays. Cette une bérézina qui appelle à une mutation profonde des idées et des plate formes d’action. Une remise en cause des leaders eux-mêmes et la nécessité d’un projet sociétal pour tous les mauritaniens.

Dans cette perspective les partis afro-mauritaniens sont pointés du doigt. Avec un net recul des résultats électoraux les leaders sont appelés à plus d’homogénéité et plus d’unité dans le cadre d’une convergence de lutte avec toutes les forces patriotiques qui veulent combattre le système féodalo-esclavagiste et raciste instauré depuis 1960. L’émergence d’une troisième force politique proche du pouvoir est une sonnette d’alarme pour un mea culpa pour tous. Ce triomphe de Ould Aziz qui ouvre les portes d’un troisième mandat en 2019 responsabilise davantage l’opposition qui devra faire face à un coup cette fois-ci constitutionnellement légal avec une majorité des deux tiers.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 20 septembre 2018)

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