G5 Sahel : ce que cache la visite du commandant en chef de « Barkhane » à Nouakchott

Officiellement le commandant en chef de l’opération française « Barkhane » le général Frédéric Blachon était à Nouakchott cette semaine pour une prise de contact avec le président mauritanien Ould Aziz dans le cadre du G5 après sa nomination à la tête de cette force sous régionale. Pour les observateurs cette visite qui intervient après la prise de fonction du général mauritanien Ould Hanena à la tête de la brigade anti-terroriste du G5 au Mali et au lendemain de la victoire écrasante du parti au pouvoir cache bien la relance du projet quadripartite en marche du protectorat de l’AZAWAD entre le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et la France.

 

 

C’est le journaliste sénégalais Babacar Justin N’Diaye qui avait récemment dans une contribution avertit que « le compte à rebours a commencé simultanément à Bamako, Nouakchott, Alger et Paris » suite à la réélection du président malien IBK pressé de toute part pour relancer le processus de paix et de réconciliation nationale. Une seconde chance pour le chef de l’Etat malien de poursuivre le processus de « remodelage institutionnel et territorial » selon les propres termes de l’observateur sénégalais qui ne doute pas que le projet quadripartite du protectorat de l’AZAWAD entre le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et la France est en marche. Et la visite du commandant en chef de « Barkhane » à Nouakchott cette semaine au lendemain de la victoire du parti au pouvoir ne laisse pas indifférent les observateurs.

Officiellement si le général français était  à Nouakchott pour prendre contact avec le président mauritanien il n’en demeure pas moins que l’Elysée a l’intention de lâcher du lest l’opération « Barkhane » qui lui revient très cher et commence à faire beaucoup de victimes du côté de la force conjointe du G5 appelée à se réorganiser dans les années à venir. C’est dans cette perspective depuis déjà l’accord de paix d’Alger en 2005 que la France cherche des voies et moyens pour enlever cette épine des pieds des présidents malien et mauritaniens qui gangrène la paix dans cette bande sahélo-saharienne infestée de barbus de retour avec force.

L’Algérie une des pièces maîtresses du puzzle de l’irrédentisme touareg serait d’accord avec la Mauritanie pour que cette dernière soit tutelle de l’AZAWAD dont des militants ont trouvé d’ailleurs refuge à Nouakchott et un bureau pour se mouvoir dans la sous- région depuis la première opération française Serval qui a permis de débouter hors du Nord du Mali les terroristes islamistes. Il s’agit d’un protectorat qui serait rattaché à la Mauritanie. Et aujourd’hui tout concourt à la réalisation de ce projet si cher à Ould Aziz et très impliqué comme en témoigne la nomination du général Hanena à la tête de la brigade anti- terroriste du G5 pour réguler ce processus. Ce choix du président mauritanien est dicté par l’appartenance de cet officier supérieur mauritanien à la culture malienne et mauritanienne qui fait de lui un médiateur pour Kidal, fief des Touaregs. Les bruits de bottes enregistrés ces derniers temps   dans cette partie enclavée du Mali sont considérés par les observateurs comme un signal de début d’occupation de Nouakchott.

La victoire de l’UPR aux dernières élections est une bonne nouvelle pour IBK qui peut reprendre langue avec toutes les parties concernées et relancer le processus. Pour l’Algérie le médiateur essentiel avec les combattants de l’AZAWAD. Pour la France dont les forces « Barkhane » s’enlisent d’année en année dans cette sous-région. Et enfin pour Ould Aziz dont le rêve d’une zone tampon entre son pays et le Mali pourrait devenir une réalité à condition d’un troisième mandat en 2019.

 

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 21 septembre 2018)

 

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