Mauritanie : l’opposition s’inquiète de la victoire de l’UPR

Le parti présidentiel a largement remporté les élections législatives, régionales et municipales, alimentant les craintes de l’opposition sur un éventuel troisième mandat du président Ould Abdel Aziz.

 

 

La Commission électorale nationale indépendante  a publié lundi (17.09.2018) après-midi les résultats du second tour des élections législatives, régionales et municipales, qui ont eu lieu le 1er septembre en Mauritanie.

Le parti au pouvoir l’Union pour la République confirme sa supériorité : il a globalement remporté la majorité des sièges dans les trois scrutins,  et même dans les grandes villes du  pays où il était en difficulté.

Le contrôle de la future Assemblée nationale  était la priorité numéro un  du chef de l’Etat. C’est  acquis : l’UPR  dispose désormais de  89 députés  sur un total de 157 que comptera l’hémicycle.

Les bureaux de vote en Mauritanie ont connu une faible affluence pour le second tour des élections législatives et locales, en raison notamment des intempéries à Nouakchott. L'opposition avait également dénoncé d'importants problèmes d'organisation.Les bureaux de vote en Mauritanie ont connu une faible affluence pour le second tour des élections législatives et locales, en raison notamment des intempéries à Nouakchott. L’opposition avait également dénoncé d’importants problèmes d’organisation.

 

L’opposition, elle,  doit se  contenter  d’une trentaine  de députés, avec le parti Tawassoul d’obédience islamiste en tête : il totalise  14  élus au parlement, devenant ainsi la première force d’opposition du pays, jusque là détenu par le RFD et l’APP.

Selon les analystes politiques, cette nouvelle reconfiguration du paysage politique  national, avec l’entrée au parlement de nouvelles forces et de nouveaux visages,  va changer la donne : l’assemblée nationale ne sera plus une caisse de résonnance.

Craintes de l’opposition

L’opposition a exprimé plus d’une fois ses inquiétudes pendant la campagne électorale et entre les deux tours, elle le fait maintenant de manière plus incisive. Elle craint que le président de la république ait l’intention de modifier la constitution par un vote à l’Assemblée nationale, d’autant plus qu’il y jouit de la majorité absolue.

Le parti présidentiel a remporté la majorité à l'Assemblée nationale, plus de deux tiers des communes et les 13 conseils régionaux, qui ont remplacé le Sénat. La réforme avait été dénoncée par l'opposition comme un passage en force de Mohamed Ould Abdel Aziz.Le parti présidentiel a remporté la majorité à l’Assemblée nationale, plus de deux tiers des communes et les 13 conseils régionaux, qui ont remplacé le Sénat. La réforme avait été dénoncée par l’opposition comme un « passage en force » de Mohamed Ould Abdel Aziz.

« Pour un président qui doit partir en avril, pourquoi demander une majorité des deux tiers? », s’interroge Mohamed El Mustapha Ould Bedredine, Secrétaire Général du parti UFP de l’opposition. « C’est pour lui permettre de changer la constitution. Voilà donc ce qui renforce les craintes toujours exprimées  par l’opposition. »

Du côté du pouvoir, on esquive la question d’un éventuel troisième mandat, préférant parler du programme de Mohamed Ould Abdelaziz.

« Nous avons eu une majorité écrasante, ce qui traduit l’attachement des Mauritaniens à son président et son programme », affirme Deddah Fadel, membre dirigeant de la jeunesse de l’UPR.

 

Partira, partira pas

 

Le scrutin avait valeur de test pour Mohamed Ould Abdel Aziz, à moins d'un an de la présidentielle de mi-2019Le scrutin avait valeur de test pour Mohamed Ould Abdel Aziz, à moins d’un an de la présidentielle de mi-2019

 

Le chef de l’État s’est impliqué personnellement dans la campagne électorale et il tenait avec force à remporter une majorité confortable au parlement. Selon Cheikh Aidara, journaliste et analyste politique, ce n’est pas fortuit.

« Ould Abdel Aziz ne quittera pas le pouvoir, soit il va l’exercer directement par un amendement constitutionnel, par un régime parlementaire ; auquel cas, il serait le futur Premier ministre »

La  question du  troisième mandat du chef de l’Etat  a pourtant été  réglée quand Ould Abdel Aziz a soutenu, en juin dernier sur France 24,  qu’il ne  changerait pas la loi fondamentale. Mais au sein de son parti, certains responsables ont soutenu  plus d’une fois que son départ en avril 2019 relève d’une utopie.

Seyré Sidibé

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