
Une large victoire de l’UPR sur fond de tricherie et de fraudes orchestrées par le pouvoir. Cet autoritarisme du régime de Ould Aziz qui apparaît comme un coup d’Etat électoral c’est le premier enseignement des observateurs. Une opposition combative et unie qui devra tirer son épingle du jeu au deuxième tour. C’est le deuxième enseignant qui empiète sur le chiffre éloquent de vote blanc estimé à près d’un demi-million de citoyens malgré une forte participation de plus de 73 pour cent. C’est le troisième enseignement. TAWASSOUL comme deuxième force politique du pays, le retour à l’assemblée nationale de l’opposition démocratique et l’arrivée de nouveaux partis.C’est le quatrième enseignement. Et enfin la représentation amoindrie des femmes au parlement par rapport aux dernières élections. C’est le cinquième enseignement.
La participation de l’opposition démocratique aux scrutins du 1er septembre dernier sous la houlette du FNDU avait donné de l’espoir aux mauritaniens qu’une alternance démocratique est possible dans un contexte où le président sortant ne peut plus se présenter aux présidentielles de 2019. C’est un mythe. La réalité c’est la reconduction du régime de Ould Aziz qui plane sur les résultats officiels du premier tour qui donnent vainqueur l’UPR avec une large majorité au parlement de 67 députés sur 157 à pourvoir. C’est la même tendance pour les régionales et les municipales. Ces résultats publiés par la CENI sont contestés par l’Alliance de l’opposition démocratique qui dénonce des fraudes massives et une manipulation du vote. C’est le système électoral qui est pointé du doigt depuis la nomination des membres du CENI cooptés par le président mauritanien jusqu’à la campagne dirigée du début jusqu’à la fin par lui avec les moyens humains et matériels de l’Etat en passant par l’exclusion des représentants des partis au dépouillement des voix et à la vérification des procés- verbaux. Les observateurs indexent un hold-up électoral. Ces vieilles recettes du régime autoritaire de Ould Aziz depuis 2009 c’est le premier enseignement.
L’opposition démocratique qui est créditée de près d’une trentaine de députés en attendant le second tour est qualifiée de combattante et unie devant l’adversité. En appelant à voter tout sauf UPR elle s’inscrit ainsi dans le report des voix. C’est le deuxième enseignement. Beaucoup de mauritaniens ont accompli ainsi leur devoir de citoyen mais près d’un demi- million ont voté blanc. Un paradoxe avec une participation estimée par la CENI à plus de 73 pour cent. Il s’agit d’une farce électorale. C’est le troisième enseignement des observateurs qui constatent le maintien du parti islamiste TAWASSOUL comme deuxième force politique et le retour de l’UFP, du RFD, ADIL au parlement et l’arrivée de nouveaux partis comme SAWAB-RAG, Moustaghbal c’est le quatrième enseignement qui augure une assemblée plus ou moins représentative et qui ne sera pas que haut- parleur de la majorité. Enfin la faible représentation des femmes au parlement est une volonté politique du pouvoir dans sa nouvelle réforme qui ne favorise pas les candidates reléguées au second plan sur la liste nationale mixte et en plus l’application de la règle de la majorité dans certaines circonscriptions est une difficulté supplémentaire face aux caciques du régime et candidats de l’opposition bien placés. C’est le cinquième enseignement qui traduit toutes les difficultés d’émergence des femmes dans une république qui se proclame islamique et dans un régime autoritaire instauré depuis 2009.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 07 septembre 2018)
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