L’interculturalité au service des femmes excisées ( Deuxième partie)
En réalité la notoriété de Néné Sow-Camara dans la région de Normandie et au- delà n’est plus à démontrer. Sollicitée de partout de l’Etat des collectivités locales et des associations sur la problématique des familles migrantes ou non pour l’insertion ou l’intégration elle va engager un long combat contre les violences faites aux femmes et en particulier les mutilations sexuelles.
Avec F.I.A/I.S.M (Femmes Inter Associations Inter Service Migrants) à Paris, Néné Sow-Camara a mis en place des actions dans les villes et les quartiers en faveur de la médiation Interculturelle puis la médiation socio-culturelle élargie à toutes les populations des quartiers sensibles. Beaucoup de familles autochtones bien que parlant le français et leur langue maternelle, étaient illettrées et avaient aussi besoin d’accompagnement pour leurs démarches administratives.
Cette synergie au-delà de la Seine-Maritime a permis la mise en place des ADULTES RELAIS comme Dispositif pour accompagner les habitants des quartiers dans différentes démarches. Les associations ont largement bénéficié de ce nouveau dispositif financé à 90% par l’Etat dans les années 90 -2000. Malheureusement cela s’est considérablement réduit en nombre d’emplois et de soutien de l’Etat.
Ce sont toutes ces actions et à tous les niveaux qui ont valu à l’icône de Château Blanc la médaille de l’ordre du mérite en 2009 décernée par le Ministère de l’Immigration.
« Ce n’est pas contre les hommes que je me bats mais avec les hommes »
Patience, confiance, courage et persévérance résument parfaitement le combat pour l’intégration des Associations de Femmes migrantes pour la défense de leurs droits avec en toile de fond des conférences, des ateliers sur diverses thématiques. Principalement, la violence faite aux femmes (toutes les femmes de toutes les origines), le mariage forcé, ainsi que les mutilations génitales féminines devenues son principal cheval de bataille parce que la Normandie était la 2ème concernant cette problématique après l’Ile de France. C’est ainsi qu’une Antenne du Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles ( GAMS) a été mise en place dans la région pour éveiller les consciences et changer les mentalités.
« C’était tabou de faire savoir que l’on est excisée »
Des conférences, des animations dans les associations, des permanences dans les hôpitaux et des visites à domicile avant les départs en vacances ont marqué cette lourde bataille contre l’excision. Souvent c’est lors des vacances que les petites filles étaient excisées parfois sans l’accord des mamans. En France, c’était interdit et tous les Centres de Protection Maternelle et Infantile étaient en alerte lors des retours de vacances de certaines familles. Il faut dire que seules les familles pulaar et soninkés du Sénégal et du Mali, la Mauritanie pratiquent l’excision. C’est ainsi que l’hôpital du Havre a formé des médiatrices pour aborder et accompagner les femmes excisées qui voulaient en parler.
Et Néné se souvient encore de cette visio- conférence avec les associations de femmes du Mali au sein de l’hôpital Charles Nicole à Rouen avec la collaboration et l’implication du Docteur RECH gynécologue-obstétricien. Le moins qu’on puisse dire cette initiative a boosté son engagement au côté des femmes et des filles excisées. Un succès inespéré puisque plus de 400 personnes étaient à cette visio-conférence. Il s’agissait des travailleurs sociaux, des infirmiers, des médecins, des représentants des institutions publiques. La participation du Dr RECH comme le Dr FOLDES à Paris a largement impacté positivement le public puisque les deux médecins pratiquent aussi la Réparation, une opération chirurgicale pour permettre aux femmes qui le souhaitent la reconstruction du clitoris. Opération qui demande un accompagnement avant et un suivi après surtout psychologiquement.
Et c’est dans son village natal à Guinguinéo que Néné va poursuivre le combat contre ce fléau qui commence à évoluer mais très lentement dans les villages reculés. Loin de baisser les bras elle se rend régulièrement au Sénégal. A la retraite depuis 2013 elle fait la navette entre son pays d’origine et la France. Une note d’espoir ou « Yakaar » en Ouolof sous forme de poème écrit en 2006 devenue aujourd’hui réalité avec plusieurs projets sur l’environnement qui voient le jour dans cette partie orientale du Sénégal.
Propos recueillis par Bakala KANE
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