Trump se met encore à dos les maîtres espions de la CIA

Le président des Etats-Unis menace de supprimer des accréditations Secret défense comme il vient de le faire à l’ex-patron de la CIA John Brennan.

 

Multiplier les critiques ne lui suffisait pas, Donald Trump voulait le mettre totalement sur la touche. Alors que les ex-patrons de la CIA conservent traditionnellement leur accréditation aux dossiers secret défense, le président américain a décidé de supprimer celle de John Brennan, gardien de la puissante agence sous Barack Obama. Un désaveu lourd de conséquences contre lequel d’autres anciennes figures de la Central Intelligence Agency montent au créneau.

D’anciens chefs tels Robert Gates, George Tenet, Porter Goss, Leon Panetta ou encore David Petraeus – nommés par des présidents aussi bien républicains que démocrates – ont dénoncé vendredi cette décision présidentielle en co-signant un communiqué. Une demi-douzaine d’espions de haut rang et en tout une soixantaine d’ex-hauts responsables se sont joints à cette condamnation sans précédent.

« L’action du président concernant John Brennan et les menaces d’une action similaire contre d’autres anciens responsables n’a rien à voir avec qui devrait ou ne devrait pas être habilité secret défense – et tout à voir avec une tentative d’étouffer la liberté d’expression », écrivent-ils dans ce texte.

Qualifiant la décision du milliardaire républicain « d’inappropriée et d’extrêmement regrettable », ils ajoutent : « Nous n’avons jamais vu auparavant l’octroi ou le retrait d’habilitations secret défense être utilisés comme un instrument politique, à l’instar de ce qui a été fait dans ce cas-là ».

« Faire peur à ceux qui oseraient le défier »

 

Les anciens hauts responsables de la CIA conservent souvent leur habilitation secret défense après avoir quitté leurs fonctions afin que leurs successeurs notamment puissent les consulter sur certains sujets sensibles. Mais la Maison Blanche a expliqué que John Brennan, critique notoire du président, avait été privé de cette habilitation à cause des « risques que font courir la conduite et le comportement erratiques » de l’ancien chef de la CIA.

Donald Trump a toutefois reconnu par la suite que ce retrait était dû aux critiques et aux commentaires de John Brennan concernant les relations entre son équipe de campagne pour l’élection présidentielle de 2016 et la Russie. Le président a indiqué au Wall Street Journal que sa décision était liée à l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre sa campagne et Moscou.

Dans une tribune au vitriol publiée jeudi par le New York Times, John Brennan expliquait déjà être persuadé de devoir y voir un lien. « Clairement, M. Trump veut à tout prix se protéger et protéger les personnes proches de lui », a-t-il écrit, y voyant « une tentative de faire taire, en leur faisant peur, d’autres qui oseraient le défier ».

« Un honneur que vous révoquiez aussi ma propre habilitation ! »

 

Une guerre ouverte entre les deux hommes qui a engendré des levées de boucliers de toute part. Au delà des ex-responsables de la CIA, le retrait de l’habilitation secret défense à John Brennan a même été critiqué par le très respecté amiral à la retraite William McRaven, qui avait notamment supervisé le raid contre Oussama Ben Laden. « Par votre comportement, vous nous avez embarrassés aux yeux de nos enfants, humiliés sur la scène internationale et, pire que tout, vous avez divisé notre nation », a-t-il écrit dans une lettre ouverte au président publiée cette fois par le Washington Post.

« Par conséquent, je considérerais comme un honneur que vous révoquiez aussi ma propre habilitation secret défense, de façon à ce que je puisse ajouter mon nom à la liste des hommes et des femmes qui ont critiqué votre présidence ! » a-t-il ajouté.

La plupart des alliés républicains de Donald Trump ont soutenu sa démarche ou ont refusé de la condamner publiquement. Mais vendredi matin, le président a réutilisé la technique pour écarter un autre haut responsable. Il a indiqué qu’il allait probablement retirer l’habilitation de Bruce Ohr, du ministère de la Justice. Ce dernier est pris pour cible par des partisans du milliardaire parce que son épouse travaille pour une société ayant produit un dossier affirmant que la Russie détenait des informations compromettantes contre l’ex-magnat de l’immobilier.

A.R., avec AFP

Source : Le Parisien

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