Mali : les enseignements de la réélection de IBK

Une réélection entachée d’irrégularités et reconnue même par les observateurs internationaux, une opposition mal inspirée et divisée qui a tout perdu, un pays toujours en partition entre le Nord en guerre contre les Jihadistes et le centre sur fond d’épuration des Peuls . Telles sont les principales conséquences de la victoire du président sortant malien qui s’offre ainsi une seconde chance pour la réconciliation nationale et le rétablissement de la paix.

Les maliens ont attendu encore des jours avant les résultats du deuxième tour qui opposait comme en 2013 IBK et Soumaïla Cissé. Pas de surprise c’est le président sortant qui sort vainqueur avec plus de 67 pour cent des suffrages. C’est moins que la dernière fois en terme de participation et de voix mais cette fois-ci avec beaucoup d’irrégularités sur fond d’insécurité au Nord en particulier où les Jihadistes ont réussi leur coup en empêchant de voter dans 700 bureaux au premier tour. IBK a gagné mais sans panache devant une opposition mal inspirée dès le départ avec autant de candidats et divisée au second tour, le moment idéal pour rassembler tout le monde. Au final c’est la deuxième fois que Soumaïla Cissé est battu largement même s’il a amélioré son score par rapport à 2013. Cette défaite appelle à une autocritique de l’opposition qui devra tirer toutes les leçons durant les 5 prochaines années.

A commencer par se rassembler d’abord autour d’un objectif commun. Ce deuxième quinquennat est une seconde chance pour IBK pour réconcilier tous les maliens. Il s’agira de revoir la copie de tous les accords de paix avec les ex-rebelles touaregs dans le cadre d’un état fort mais juste envers toutes les parties. Après 5 années de tergiversations sur le conflit inter-ethnique entre les peuls et les Dogons au centre du pays l’heure est au retour de l’armée républicaine dans cette zone abandonnée depuis des années entre les mains des Jihadistes de retour après leur déroute en 2013. La priorité cependant c’est de venir à bout des terroristes islamistes.

Dans cette lutte l’aide française est importante. Dans le cadre du G5 Sahel la solution militaire est quasi impossible sans une véritable implication des populations. D’une armée d’occupation la France devra basculer à une armée plus intégrée avec les populations. Une autre priorité c’est la reconsidération de la question peule qui mine actuellement le centre du pays avec en toile de fonds les nombreuses exactions commises par les FAMA et les soldats maliens de la force conjointe. Un déni de justice qui perdure et qui risque d’empoisonner le second quinquennat si IBK ne fait rien pour régler ce problème malienno-malien. Le prochain bail du palais de Koulouba de Bamako s’annonce parsemé d’embûches

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 17 août 2018)

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