Mauritanie : la diversion du régime de Ould Aziz

Après l’arrestation du candidat président de l’IRA Ould Abeid pour diffamation d’un journaliste c’est le rédacteur en chef du premier site mauritanien CRIDEM Babacar N’Diaye qui vient d’être interpellé par la police à Nouakchott pour le même motif cette-fois-ci suite à une plainte d’un avocat franco-mauritanien. Deux affaires de justice qui sortent presque simultanément à la veille des élections de septembre prochain.

La première affaire est plus une instrumentalisation politique pour gêner la candidature du président de l’IRA qui a réussi à s’échapper des griffes du ministère de l’intérieur avec un parrainage d’un parti reconnu officiellement en l’occurrence le parti SAWAD d’obédience baasiste pour les législatives municipales et régionales. Et le leader Hratin est aussi candidat aux présidentielles de 2019 pour la deuxième fois. En 2014 il était arrivé second loin derrière le président sortant Ould Aziz. Une position honorable qui fait de lui un bon cheval de course pour la Maison brune. C’est un rival gênant à tous les points de vue. Son aura rayonne aujourd’hui au-delà des frontières mauritaniennes avec plusieurs prix internationaux des droits de l’homme dont celui des Nations-Unies. Et dans le pays le militant anti-esclavagiste a réussi à fédérer ses militants et initié une convergence de lutte contre l’esclavage. Son arrestation cette semaine pour diffamation à un journaliste relève d’une pure diversion à la veille des compétitions. Ce moment choisi par un journaliste interroge les observateurs qui semble retenir la thèse d’un complot. Quant à la deuxième affaire de justice c’est la deuxième fois que le webmaster de CRIDEM est accusé de diffamation. Hier c’était le fils du président. Aujourd’hui c’est un avocat franco-mauritanien qui aurait activé le levier de la justice. Le rédacteur en chef du premier site d’information mauritanien est également dans le viseur du régime de Ould Aziz depuis qu’il a accusé tous les patrons de la presse privée de corruption sur les fonds du milliardaire mauritanien en exil au Maroc Bouamatou. Tout cela est essentiellement politique et s’inscrit dans le cadre de la reproduction et de la reconduction d’un régime autoritaire.

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 09 août  2018)

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