L’arrestation et confiscation des passeports de la délégation du Collectif des Veuves et Orphelins par la police mauritanienne cette semaine à l’aéroport d’Oumtounsy sont considérés par les observateurs comme le fonctionnement d’un système autoritaire et interroge la classe politique toutes tendances confondues et la société civile. Cet acharnement des autorités de Nouakchott sur des militants noirs des droits de l’homme relance le règlement du passif humanitaire.
Le 28 novembre dernier à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance délocalisé à Kaédi, des veuves et orphelins sous la houlette de leur collectif ont été réprimés aveuglément par les forces de l’ordre avant d’être arrêtés au seul motif qu’ils revendiquaient justice et réparation des 28 soldats noirs assassinés en 91 à Inal.Le 22 juillet 2018 c’est une délégation de ce même collectif que la police de l’aéroport d’Oumtousy a arrêté avant de confisquer leur passeport au seul motif que leurs visas délivré à l’ambassade Suisse à Dakar n’était pas valable alors que ces militants des droits de l’homme devaient représenter le pays à la session du comité contre la torture des Nations-Unies à Genève à l’invitation de l’ONG Human Rights Watch du 23 au 29 juillet. Cet acharnement des autorités de Nouakchott ne date pas d’aujourd’hui et interroge aujourd’hui la classe politique toutes tendances confondues et la société civile.
Cette deuxième tentative officielle d’étouffer la vérité sur les événements de 89 à 92 relance le débat sur le règlement du passif humanitaire considéré clos par le président mauritanien.Et au delà c’est la difficile réconciliation nationale qui est pointée du doigt par les observateurs.Les larmes de crocodiles de Ould Aziz à Kaédi en 2009 n’ont servi en réalité que de perpétuer un racisme d’Etat où les communautés afro-mauritaniennes et Hratines sont de plus en plus reléguées au stade de citoyen de seconde zone. Cette politique discriminatoire mise en œuvre dans le cadre de l’enrôlement des populations a permis au pouvoir d’initier un génocide biométrique qui fait aujourd’hui de milliers de mauritaniens des apatrides et des étrangers chez eux, des milliers d’enfants non scolarisés.
Depuis 2009 le régime de Ould Aziz n’a pas caché ses intentions de tourner le dos à la réconciliation nationale en fermant les yeux sur la possibilité d’ouvertures d’enquêtes sur les exécutions extra-judiciaires des soldats noirs en 91 à Inal sous le régime de Ould Taya et puis en arrêtant le processus de rapatriement des réfugiés au Sénégal. Le peu d’attention accordée à la réinsertion des 20000 réfugiés rentrés en 2008 est un indicateur de la fuite en avant des autorités de Nouakchott.La chasse aux militants et militantes des droits de l’homme et les leaders ou militants de partis afro-mauritaniens est devenue une priorité gouvernementale pour protéger les supposés criminels et frères d’armes du président Ould Aziz à quelques mois de la fin de son deuxième et dernier quinquennat.Les plaintes internationales et nationales contre les tortures des militants anti -esclavagistes et l’esclavage commencent à porter leurs fruits avec de nouvelles lois qui ont permis les premières condamnations des esclavagistes depuis plus d’un demi-siècle.Les plaintes internationales contre les crimes sous le régime de Ould Aziz quant à elles traînent toujours dans les tribunaux français et belges.En définitive cet incident d’Oumtounsy remet les pendules à l’heure sur la difficile cohabitation.
Bakala KANE
(Reçu à Kassataya le 24 juillet 2018)
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