France-Danemark, le pire match depuis le début du Mondial de football

Ce nul insipide a conclu un pacte de non-agression entre deux équipes copieusement sifflées à Moscou. Honte à vous, Messieurs, disent les médias.

 

Quelle horreur! «Une bouillie collective», tranche Eurosport. Dans le groupe C de la Coupe du monde de football en Russie, la France, qui était déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, a donc piteusement conservé la tête après un match nul insipide – le premier 0-0 du Mondial 2018 – face au Danemark, qui s’en contente pour aller aussi de l’avant. Le public du stade Loujniki à Moscou a d’ailleurs copieusement sifflé Bleus et Danois pendant et après un spectacle vraiment «pénible», déplore Courrier international, qui a fait un petit tour de la presse internationale sur le sujet.

Aussi, à l’ultime coup de sifflet, le journaliste du Daily Telegraph s’est-il exclamé, non sans sarcasme: «Thank goodness for that, it’s all over» («Dieu merci, c’est fini»). Au Brésil, O Globo a même sondé ses lecteurs afin de savoir «ce qu’ils ont bien pu faire pendant ces 90 minutes de torture». Ou de «torpeur», aux yeux du New York Times. «Le moins que l’on puisse dire» est que la France et le Danemark devront «montrer bien autre chose pour surmonter l’écueil des huitièmes de finale», avertit La Croix: «Les organismes de paris donnaient aux Bleus 15% de chance de soulever le trophée avant le Mondial. Il est probable que leurs ordinateurs soient en train de retravailler l’équation légèrement à la baisse.»

Au Portugal, le quotidien Publico estime quant à lui avoir vu «le pire match de la Coupe du monde jusqu’à présent, un match sans spectacle, zéro», tandis que le journal allemand Die Zeit va encore plus loin en parlant de «la honte de Moscou» pour qualifier la prestation de ces messieurs. Ces deux équipes «ont gentiment poussé la balle de l’arrière vers l’avant, puis dans l’autre sens». Autrement dit, c’était «la purge du Mondial», selon Le Matin. Même Griezmann le reconnaît, devant les micros d’Eurosport: «Ça ne devait pas être beau à la télé…» Sans compter les supporters sur place:

La palme du meilleur titre revient cependant au site So Foot – «Bon ennui les petits» – à propos de ce «pacte de non-agression», dont La Vanguardia, à Barcelone, dit ceci: «Chaque équipe pensait davantage à ce qu’elle avait déjà et à ce qu’elle pouvait perdre, avant même de penser à risquer une défaite qui lui aurait bien compliqué la vie en Russie.» De son côté, le Times de Londres juge que «jusqu’à présent, les Français ont vécu un drôle de tournoi», dont la première phase se termine sur «le néant et une première place», ironise Le Monde:

Ils ont ramé, sans aucune fluidité ni puissance, et ils finissent pourtant premiers de leur groupe, confortablement

Si le quotidien britannique avait encore en tête l’extraordinaire et si sportif 6-1 de l’Angleterre contre le Panama, on peut comprendre sa déception. De même que celle de Politiken, à Copenhague, qui a trouvé ce match «merveilleusement ennuyeux», puisqu’il assure la deuxième place du groupe au Danemark. Mais «les Danois ont tellement pris leur temps pour gérer des situations faciles» que le match est demeuré sans intérêt pour les amateurs de football «neutres». Pas neutre, lui, l’écrivain Ollivier Pourriol livre pour L’Obs son regard sur le parcours des Bleus. Sa contribution du jour est particulièrement bien envoyée: «On n’en voudra pas à l’équipe de France de n’avoir pas non-joué un non non-match, mais on ne nous en voudra donc pas davantage de ne pas en faire une non-chronique composée de non-phrases.»

Et de poursuivre avec ce morceau de bravoure littéraire: «Il y a des matchs qui n’en sont pas, et qui sont faits pour être oubliés, comme s’ils n’avaient même pas été non-joués, et qui seront heureusement effacés, en bien ou en mal, par le prochain qui pointe son nez. […] Même si l’on n’a pas encore pour cette équipe de France les yeux de Chimène, on peut lui dire comme elle le fit à Rodrigue avant son match décisif: «Va, je ne te hais point.» Une double négation n’est pas incompatible avec l’amour. Ça s’appelle une litote. Vaincre ou mourir, c’est entendu, mais faites-le avec style.»

 

 

Olivier Perrin

 

Source : Le Temps (Suisse)

 

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