Refuser le fait accompli

Nous ne voyons pas en quoi l’alliance électorale du leader hratine, Biram Dah Abeid avec un obscure parti aux idéaux néfastes et diamétralement opposés aux siens, puisse rassurer les maures, à supposer qu’ils aient réellement eu peur de lui ou qu’il les ait sérieusement inquiétés.

 

Il me semble que la compréhension de ce « surprenant » et « décevant » revirement « stratégique », « idéologique » ou « tactique » de cet important personnage, nous oblige à essayer de regarder au-delà des apparences.


Il est en effet, inconcevable que, dans la perspective d’échéances électorales, un homme jusque-là honni, détesté et banni, puisse tout à coup inspirer confiance à une communauté qui, il n’y a pas si longtemps, le vouaient aux gémonies. La supercherie est trop évidente pour qu’il soit sensé d’y croire.


Il n’est pas davantage convaincant de supposer que ce grand militant des droits l’homme ait cru un seul instant en l’efficacité de la caution d’un obscur parti, dont le poids électoral et la réputation semblent militer, au contraire, pour son évitement.


Est-il, enfin, admissible que notre lauréat des Nations-Unis n’ait pas pensé qu’il met ainsi sa carrière politique et sa réputation internationale en jeu, en danger, dans une alliance dont les retombées positives ne seraient pas-de son point de vue- garanties ?


Alors, s’agit-il d’une manœuvre politicienne des « vrais » baathistes, ceux qui évoluent dans l’orbite du pouvoir et qui influent efficacement sur ses décisions ?


Ce sont eux qui ont dupé Messaoud Ould Boulkheir, trompé et trabhi Sidi ould Cheikh Abdallahi et berné Ahmed Ould Daddah. Il n’y a donc aucune raison qu’il n’en soit pas de même avec Biram, livré sans défense à ces vieux routiers de la manipulation.


En tout cas, par cet acte, ils tentent de provoquer durablement et profondément les suspicions et les divisions au sein du camp du changement progressiste et démocratique. De discréditer le discours de rupture et émancipateur de Biram Dah Abeid. Et d’entretenir le statu-quo : un pouvoir militaire qui s’ingénie à conserver le pouvoir, à marginaliser une grande majorité du peuple et à poursuivre la division des citoyens de ce pays.


La stature internationale de Biram Dah Abeid, son ambition et sa détermination à lutter contre les injustices dans ce pays sont utiles et déterminantes dans le combat pour le changement, mais cela ne doit pas nous aveugler sur l’inopportunité de certaines de ses décisions, notamment celle qui est en train de le conduire dans une impasse.


Il n’est pas question de céder au fait accompli : les choix et l’avenir nous sont encore ouverts

 

 

R’chid Mohamed

Facebook – Le 09 juin 2018

 

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