
En parvenant tant bien que mal à signer un communiqué commun incluant Donald Trump, les six autres dirigeants pensaient avoir sauvé le sommet du G7. C’était sans compter sur la volte-face du président américain, qui a retiré son soutien au texte. Un clash désastreux, retient la presse.
Les dirigeants du G7 du moins les six qui se sont évertués à clore leur rencontre avec Donald Trump par une déclaration finale commune, pensaient tenir un bon texte cosigné par le président américain avant que celui-ci ne s’envole pour Singapour, où doit se tenir mardi 12 juin son sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong-un.
“Ils ont cru que le sommet annuel du G7 pourrait resserer des liens qui se sont distendus avec les contentieux commerciaux. Mais cela s’est terminé en une bataille de mots entre Trump et le dirigeant [le Canadien Justin Trudeau] de l’un des principaux pays partenaires, un échange qui menaçait de dériver vers une véritable guerre commerciale”, observe The Washington Post.
Un texte recalé dans les airs
Rédigé au Québec où se tient le G7 jusqu’à ce dimanche 10 juin, le texte affirmait vouloir “lutter contre le protectionnisme” tout en “modernisant l’OMC -l’Organisation mondiale du commerce) pour la rendre plus équitable ” et en s’efforçant “de réduire les obstacles tarifaires, les obstacles non tarifaires et les subventions.” Autant de bonnes résolutions susceptibles d’adoucir les tensions entre Donald Trump et ses partenaires des pays industrialisés.
C’était sans compter sur le revirement du président américain, qui l’a fait connaître comme d’habitude par tweet interposé. Dans la soirée de samedi 9 juin, “Donald Trump s’est assuré de susciter le chaos au sommet du G7 en annonçant depuis [son avion présidentiel] Air Force One que les Etats-Unis retiraient leur soutien au communiqué commun”, rapporte le quotidien britannique The Telegraph.
“Compte tenu des fausses déclarations de Justin [Trudeau] à sa conférence de presse, et du fait que le Canada impose des taxes massives aux agriculteurs, aux travailleurs et aux entreprises américaines, j’ai demandé à nos représentants américains de retirer le soutien au communiqué, tandis que nous envisagerons des taxes sur les automobiles qui inondent le marché américain!” écrit le président américain.
Un G7 à six, mais pour quoi faire ?
La colère de Donald Trump s’est déchaînée contre le premier ministre canadien qui, en conférence de presse, “venait de se féliciter d’avoir arraché des consensus sur certains sujets tout en ayant tenu son bout en matière de tarifs et d’Alena [l’accord de libre-échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, en cours de renégociation], rapporte Le Devoir, qui titre : “Un G7 finalement à six.”
Le G7 a-t-il un avenir ? », se demande le Journal de Montréal, qui déplore le résultat d“une réunion de sept personnes la plus chère au monde, et des rendez-vous « fourre-tout.”
Les chefs d’État, regrette Radio-Canada, étaient pourtant parvenus samedi à se mettre d’accord sur une déclaration commune de 28 points, notamment sur le commerce qui, selon Emmanuel Macron cité par la radio, “ne règle pas tout”, notamment l’épineux conflit sur les tarifs commerciaux. Le président français a confirmé à La Malbaie, ville qui acccueille le G7, que les droits de douane décidés par l’Union européenne à l’encontre des États-Unis s’appliqueront à partir de juillet, soit au même moment que l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers canadiens envers des produits américains.
Vu d’Allemagne, ce sommet restera dans les annales comme “une débâcle historique”, titre le Spiegel, qui souligne que Trump “menace ses partenaires d’en finir avec le libre-échange.” En quarante ans d’existence, écrit avec consternation le site de l’hebdomadaire, “jamais un tel éclat ne s’était produit, jamais aucun participant n’avait dupé à ce point ses partenaires.”
Dans ce contexte, conclut Der Spiegel dans un éditorial,
il ne suffit pas de se plaindre du mépris affiché par Donald Trump à l’égard de ses partenaires internationaux. Il est impératif de poursuivre les débats sans Trump. Avec des partenaires de bonne volonté.”
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