Vu de Russie : La Troisième Guerre mondiale effraie autant Washington que Moscou

Après les tweets menaçants de Donald Trump du 11 avril, la presse russe souligne le calme relatif de la Russie et la tendance du président américain à effrayer d’abord, pour négocier ensuite.

 

“Le Pentagone et le ministère de la Défense de la Russie se préparent à une opération militaire”, annonce le quotidien Kommersant. Le 11 avril au soir a expiré le délai que s’était fixé Donald Trump pour prendre la décision de bombarder la Syrie ou non. Pas de frappe pour le moment, mais, estime le titre, cela ne signifie pas qu’il n’y en aura pas dans un proche avenir, le Pentagone ayant élaboré différents scénarios militaires contre Damas.

Cependant, Moscou a choisi de ne pas renchérir sur les tweets du président Trump, précise le quotidien moscovite. “Nous sommes partisans d’approches sérieuses, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Nous continuons de penser qu’il faut éviter tout acte risquant de dégrader encore une situation déjà délicate.”

Les missiles “intelligents” doivent viser les terroristes

 

La porte-parole du ministère de la Défense, Maria Zakharova, a estimé pour sa part que “les missiles intelligents [promis par Trump] doivent viser les terroristes et non un gouvernement légal qui se bat depuis plusieurs années contre le terrorisme international sur son territoire”.

En attendant, selon les sources citées par le journal, la Russie espère que Washington communiquera les coordonnées des cibles potentielles visées par les frappes occidentales afin d’éviter des pertes dans son camp.

“Entre la guerre et la paix – deux tweets”, titre le quotidien Izvestia. “La Russie dispose de suffisamment de forces en Syrie, mais opte pour un ton modéré et se dit prête à coopérer”, poursuit-il.

“Toute la journée d’hier, le monde s’est trouvé dans l’attente angoissée de frappes américaines contre la Syrie. Le président Trump a publié une série de tweets dans lesquels tantôt il menaçait Moscou en tant qu’allié de Damas, tantôt il appelait la Russie à la coopération économique et à l’abandon de la course à l’armement, relate le journal.

Moscou demande toujours une enquête de l’OIAC sur l’attaque chimique

 

De son côté, la Russie a évité de surréagir, poursuit le titre. Vladimir Poutine a exprimé “le souhait que le bon sens l’emporte”, et le porte-parole du Kremlin a déclaré que Moscou n’était pas adepte de la “diplomatie par tweets”. Quant au ministère de la Défense, il s’est dit “fermement décidé à régler les problèmes humanitaires en Syrie et à coopérer avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [une enquête de l’OIAC sur l’attaque chimique de la ville de Douma a été demandée par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU]”.

“Washington ne s’est pas décidé à déclencher la Troisième Guerre mondiale”, titre la Nezavissimaïa gazeta. Selon le quotidien moscovite, un Boeing E-4B Nightwatch, surnommé “avion du jugement dernier” (“doomsday plane” en anglais), et destiné à transporter le président américain en cas de début de guerre nucléaire, aurait décollé après les menaces de Trump de tirer des missiles sur la Syrie.

Trump manœuvre comme avec la Corée du Nord

 

“On pouvait craindre que l’heure de l’apocalypse avait sonné”, poursuit le titre, d’autant que le chef de l’état-major russe avait clairement laissé entendre qu’en cas de frappes sur le territoire syrien “les forces russes rétorqueraient en visant tant les missiles que les lanceurs”. Mais, dans l’heure qui a suivi, Trump a publié des messages qui ont “totalement renversé la situation”, notamment le tweet : “On arrête la course aux armements ?”

En guise d’explication au comportement du président américain, la Nezavissimaïa gazeta suggère qu’il a mis en pratique sa “tactique habituelle : effrayer, laisser croître la peur, essayer de sidérer l’autre par sa puissance menaçante, et finalement… proposer des négociations”. Tactique qui a par exemple bien fonctionné avec la Corée du Nord.

 

Laurence Habay

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page